La Grèce hellénistique et romaine, une autre antiquité
Après un volume consacré à la Grèce classique, Catherine Grandjeau, professeure d’histoire grecque à l’université de Tours, dirige ce nouvel opus consacré à la période hellénistique et romaine, avec des auteurs comme Gerbert-Sylvestre Bouyssou, maître de conférences à l’université de Polynésie française, Christophe Chandezon, professeur à l’université de Montpellier, et Pierre-Olivier Hochard, maître de conférences à l’université de Tours. Un bel aéropage donc pour une période cruciale et mal connue du grand public.
L’âge des monarques

Après la conquête de l’empire Perse opérée par Alexandre s’ouvre donc l’ère des diadoques. Car les successeurs d’Alexandre, son fils né de Roxane et son demi-frère Philippe Arrhidée, sont vite éliminés au profit de ses généraux. Ptolémée fonde la dynastie Lagide en Egypte, Séleucos s’établit en Syrie et revendique la domination de l’ancien empire perse, jusqu’à l’Indus. Et la Macédoine échoit après bien des guerres aux Antigonides. La période est effectivement par des guerres récurrentes, ainsi entre Lagides et Séleucides pour le contrôle de la Syrie du sud et de la Palestine. Un état de division qui va faciliter la conquête romaine…
En tout cas, Rome, suite à l’alliance entre Hannibal et Philippe V de Macédoine, va intervenir dans cet espace et peu à peu s’imposer en provincialisant la Macédoine, puis l’ancien royaume de Pergame au IIe siècle, la Syrie et l’Egypte au Ier siècle. Arbitres des conflits, les romains sont aussi des passionnés de culture grecque et vont protéger bon nombre de cités.
Un orient grec ?
Ce que montre ce volume est paradoxal. C’est sous ces rois hellénistiques, puis pendant les débuts de la domination romaine, que le modèle des cités grecques se répand. Et souvent le fonctionnement de ces cités est… démocratique. Un modèle réservé d’abord et avant tout aux colons grecs et macédoniens comme on le voit en Egypte. Mais la culture et la langue grecque se répandent, sans effacer les langues locales. Ce n’est pas sans tension, comme le montre la guerre des Macchabées. Mais l’héritage grec est transmis, y compris architecturalement.
Un bon volume, doté d’une belle iconographie.
Sylvain Bonnet
Catherine Grandjean (sous la direction de), La Grèce hellénistique et romaine, Belin, février 2024, 700 pages, 51 euros