La destruction de Berlin, la tragédie d’une métropole

Professeur à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, Stéphane Füzesséry est connu pour avoir écrit avec Philippe Simay Le choc des métropoles, Simmel, Kracauer, Benjamin (Editions de l’éclat, 2008). Avec La destruction de Berlin, il revient sur l’histoire tourmentée de la capitale allemande entre 1860 et 1945.

Naissance d’une métropole

Notre historien commence par retracer l’histoire de la croissance de la capitale prussienne qui passe de 484 000 habitants dans la décennie 1860 à plus deux millions en 1912, quatre millions si on prend en compte l’ensemble de l’agglomération. C’est énorme. Il a fallu construire des immeubles, revoir l’organisation de la voirie et de la propreté (il se met alors en place un service qui fait de Berlin la capitale européenne la plus propre) tout en développant métro et tramway. La ville attire les migrants ruraux et concentre aussi une très importante communauté juive, malgré l’antisémitisme à l’époque encore peu dangereux… Berlin devient aussi une capitale culturelle, phénomène qui s’amplifie durant la période de la République de Weimar. Berlin, en gros, c’est le cauchemar des nazis !

Rêve de Germania… et destruction

Les nazis se méfiaient effectivement de Berlin, bastion de la gauche où leurs scores, importants, sont systématiquement en dessous de leurs résultats nationaux. Même une fois au pouvoir, Hitler évite de trop résider à Berlin. Les nazis ont cependant un projet urbain, celui de Germania, capitale du Reich millénaire, devant abriter plus de dix millions d’habitants. Pour autant, il s’agit aussi de regénérer la population, dans la ligne de discours tenus depuis la fin du XIXe siècle : on s’effrayait par exemple de la faible natalité de la population de la ville. On démolit des immeubles, on bâtit des autoroutes mais, malgré les projets de Speer et d’autres, Germania ne verra jamais le jour. Berlin, vidé de ses juifs (quoique), sera en partie détruite pendant la seconde guerre mondiale par les bombardements et surtout par le siège d’avril 1945. Berlin, d’où une partie de la population est partie se réfugier à la campagne. Berlin qui abrite aussi de la main d’œuvre étrangère…

L’ouvrage, écrit avec pédagogie et clarté, permet de découvrir un pan méconnu de l’histoire de la capitale allemande.

Sylvain Bonnet

Stéphane Füzesséry, La destruction de Berlin, La Découverte, août 2025, 376 pages, 24 euros

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