La fortune des Médicis, les origines d’une grande famille

Un historien de l’Italie du Quattrocento 

On connaît Jean-Yves Boriaud, professeur émérite à l’université de Nantes par ses ouvrages sur cette période qui engendre la renaissance en Italie, le « Quattrocento » : il a ainsi écrit une histoire de Rome (Fayard, 2001) une biographie de Machiavel (Perrin, 2015) qui lui a valu le prix Provins Moyen-Age, puis Les Borgia (Perrin, 2017). A l’automne, il a sorti chez Perrin La Fortune des Médicis, une étude qui revient sur le premier âge d’or de cette famille qui a donné deux reines à la France. 

Les Médicis, des banquiers 

L’amateur découvrira que la famille de Laurent de Médicis et de la reine Catherine s’est imposée à Florence grâce à la banque, activité pourtant mal vue selon les canons de l’époque : l’usure était en effet interdite par l’église catholique (théoriquement) et les banquiers faisaient nombre de leurs bénéfices grâce aux manipulations du taux de change entre les monnaies. Métier risqué aussi car les principaux clients, les monarques, remboursaient mal leurs dettes. Mais Florence se trouve au cœur de plusieurs circuits commerciaux, entre Méditerranée et le nord de l’Europe et les Médicis vont profiter d’une bonne conjoncture commerciale. Petit à petit, ils font fortune, occupent des charges publiques et marient leurs rejetons avec des filles de grandes familles nobles alors qu’à la base, ce ne sont que des roturiers ! 

Laurent le magnifique 

On a beaucoup glosé sur la figure de Laurent de Médicis, sur son faste et son bon goût de mécène : un ancien ministre de la culture socialiste lui a même consacré un livre. L’homme apparaît comme un grand politique, qui connaît très bien les institutions de la république florentine et sait jouer de ses moindres ressorts. Il gouverne ainsi pendant presque une trentaine d’années, s’appuyant sur une partie du peuple contre les grandes familles rivales des Médicis. Il réussit aussi à placer un de ses fils comme cardinal : une fois pape sous le nom de Léon X, c’est lui qui permettra à la famille de se rétablir. Le génie politique n’est pas héréditaire et le fils de Laurent, Pierre, n’a pas carrure de son père, surtout quand il doit faire face à l’arrivée des français. Ses ennemis en profitent pour le déstabiliser et le chasser du pouvoir.

Les Médicis reviendront plus tard et feront de Florence la capitale du grand-duché de Toscane : c’est une autre histoire. La Fortune des Médicis est une très bonne synthèse.

Sylvain Bonnet

Jean-Yves Boriaud, La Fortune des Médicis, Perrin, septembre 2019, 320 pages, 23 eur

Laisser un commentaire