Napoléon et Joséphine, l’intime et le grandiose

Spécialiste du Premier Empire, Pierre Branda a publié de nombreux livres de qualité dont La saga des Bonaparte (Perrin, 2018) ou Napoléon à Sainte-Hélène (Perrin, 2021). Il a choisi ici de s’intéresser aux relations du couple Napoléon et Joséphine. Notons qu’il s’est déjà intéressé à cette dernière en signant une excellente biographie, Joséphine, le paradoxe du cygne (Perrin, 2014). Que nous apprend-il de nouveau ?

Deux outsiders, deux ambitions

Pierre Branda a choisi de découper son ouvrage en chapitres relativement courts, denses. Les premiers nous présentent les deux personnages avant leur rencontre. Des points communs apparaissent : Napoléon et Joséphine sont deux insulaires, l’une mariée contre sa volonté très jeune et l’autre « exilé » sur le continent loin de sa Corse natale dans des écoles militaires. Les deux cultivent des rapports ambigus avec leurs familles respectives. Les deux sont plongés dans une Révolution qu’ils ne rejettent pas : issus plus ou moins de la Noblesse, ils ont aussi le sentiment d’avoir été regardés de haut donc… Joséphine manque d’être exécutée, Napoléon est un temps inquiété pour avoir été proche du frère de Robespierre. Le Directoire va faire leur fortune en les faisant se rencontrer.

Un couple qui fait encore rêver

On ne refera pas ici l’histoire de leur rencontre, de la passion dévorante de Bonaparte, de leurs ambitions entremêlées. De leur correspondance, on a que trois lettres d’elle alors que celles de Napoléon abondent. Notons avec amusement que Napoléon dévoile leur intimité et leurs jeux sexuels : un peu d’humanité, un peu de chair que diable ! Ces deux-là se sont aimés à leur façon, un peu à contre-temps, trompés aussi, surtout lui d’ailleurs. Mais Joséphine ne lui donna pas d’enfants, un piège pour un empereur qui mit beaucoup de temps à se résoudre au divorce, preuve que rien n’était simple. Souvent je m’imagine Napoléon, après Waterloo, passant à Malmaison avant de partir en exil, se remémorant les bons moments avec Joséphine morte un an plus tôt. C’était avec elle qu’il dormait dans le même lit, suscitant l’étonnement d’un Talleyrand trouvant cette coutume incongrue… Pierre Branda réussit ici un tour de force, celui de nous donner un éclairage neuf sur une histoire très connue. Bravo !

Sylvain Bonnet

Pierre Branda, Napoléon et Joséphine, l’intime et le grandiose, Perrin, août 2025, 368 pages, 25 euros

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