L’incroyable histoire de la littérature française de Catherine Mory

Catherine Mory a encore frappé, cette fois avec Philippe Bercovici, un nouveau dessinateur. On lui devait une histoire de la littérature américaine, elle s’attaque cette fois à l’hexagone. En trente-quatre auteurs, dont cinq femmes, de Rabelais à Duras, pas un de plus, elle nous présente une histoire de la littérature française, mais aussi et surtout de ses auteurs.

Une histoire littéraire pour les nuls ?

Catherine Mory l’annonce d’emblée : il n’est pas question de sombrer dans l’académisme ! Tout ce qui pourrait faire penser aux bancs de l’école est banni ! Le choix de la BD est parfait pour faire descendre nos grands génies de leur piédestal et présenter leurs œuvres à la lumière de leurs vies.

On y traverse donc les malheurs amoureux de Ronsard, qui hélas ne connut rien de la rose. On voit Montaigne, maire de Bordeaux, fuir sa ville gagnée par la peste. On découvre les grivoiseries de Jean de La Fontaine, l’arrivisme de Jean Racine, la lutte de Voltaire contre l’infâme, ce qui ne l’empêche pas de réclamer la peine capitale pour Jean-Jacques Rousseau. On apprend que Beaumarchais fut agent secret…

Et, plus près de nous, on parcourt les fresques érotiques de Colette, auprès d’elle Marguerite Duras n’est qu’une amatrice ; les amours malheureux de Guillaume Apollinaire, le fils d’une femme aux mœurs légères ; les relations de Flaubert et de Maupassant, d’Aragon et de Breton, de Sartre et Camus…Nous n’en dirons pas plus…

On en retire le sentiment que la plupart de ces auteurs eurent des destins singuliers, souvent débridés. Ils eurent souvent des enfances désastreuses, mais bénéficièrent aussi de chances inespérées. Ils auraient été « hors du commun », comme on dit. Normal, ce sont des génies ! On peut donc craindre que, pour plaire au lecteur, nos auteurs aient recherché un certain sensationnalisme qui renforce les stéréotypes que l’on cultive à propos des artistes. On ne boudera pas pour autant notre plaisir.

Une vivante érudition

Cette richesse biographique n’est présente que pour donner du corps aux œuvres. Pour chaque auteur, on trouvera une présentation de ses textes principaux. Catherine Mory en analyse la structure, elle situe chaque œuvre dans l’histoire des lettres, en souligne les styles et les caractères novateurs. Elle réussit le petit exploit de rendre vivante son érudition.

Les dessins de Phillipe Bercovici sont toujours hilarants, proches de la caricature. Il n’a raté ni Sartre ni Camus. Ni la Duras. Céline grimace, le doit-on à son antisémitisme viscéral ? J’ai trouvé Apollinaire le mal-aimé à la lourde mâchoire bien rendue. On croisera également un jeune Mitterrand, et Michael Lonsdale tel qu’en lui-même…

Tous à vos cases !

Mathias Lair

Catherine Mory & Philippe Bercovici, L’Incroyable Histoire de la littérature, Les Arènes, septembre 2022, 350 pages, 25 euros

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