Le sursaut, histoire intime de la Ve république tome 1: nostalgie gaullienne
Tout le monde ou presque connait Franz-Olivier Giesbert, journaliste, romancier et éditorialiste actuellement en poste au point et qui a fait ses classes au Nouvel Obs et au Figaro (qu’il soit passé à l’époque de l’un à l’autre a beaucoup fait jaser). Il publie ces derniers temps une histoire intime de la Ve République dont Le sursaut est le premier volume.
L’intime et le politique

Ici, Giesbert nous raconte donc les débuts de la Ve République en mêlant les faits historiques, ses analyses et… ses souvenirs personnels d’enfant et d’adolescent dans une famille pas du tout favorable à de Gaulle et à la nouvelle République. Giesbert juge à raison que de Gaulle eut raison d’aller vers l’indépendance de l’Algérie, contre la majorité des pieds noirs (et l’extrême-droite) tout en notant sa grande aptitude à biaiser, à tromper, à mentir. Il faut dire que Giesbert a été à bonne école en fréquentant Mitterrand, l’artiste du double jeu, pour retrouver ça chez Charles de Gaulle. Il note cependant que le Général devait compter avec l’armée dont les officiers étaient loin de lui être tous acquis…
De Gaulle en majesté
On ne refera pas ici l’historique des grandes dates de la Ve République des années 1959-1969 où le régime gaulliste réussit donc à mener la décolonisation, à réformer l’Etat, à lancer une politique étrangère d’envergure tout en assurant une croissance record et une élévation du niveau de vie des français qui fait encore rêver (mais c’étaient les trente Glorieuses). Notons que Giesbert, libéral notoire, fait l’éloge (en partie à raison) du plan Rueff de stabilisation monétaire pour mieux brocarder les politiques keynésiennes, écho à bien des débats actuels où notre journaliste vedette critique (et il n’a pas forcément tort) le niveau de la dette actuelle de la France. Il dresse aussi un portrait acide de Charles de Gaulle gouailleur, cynique, parfois désespéré sur la nature humaine et la classe politique française. Rappelons enfin que Giesbert ne fut pas gaulliste, l’admiration pour le grand homme lui est venu sur le tard.
Son livre est partial, souvent drôle, toujours bien écrit.
Sylvain Bonnet
Franz-Olivier Giesbert, Le sursaut, Gallimard Folio, juin 2024, 464 pages, 9,40 euros