Soyons tous des féministes, le cri de Chimamanda Ngozi Adichie
A l’occasion d’une conférence au TEDxEuston, colloque annuel consacré à l’Afrique, Chimamanda Ngozi Adichie devient en quelques minutes une figure internationale du féminisme. Cette romancière nigériane n’a pourtant rien fait, pour nourrir son Soyons tous des féministes, que de puiser dans son quotidien… Après avoir été publié en « folio 2 € » et dans un bel album dédié à la jeunesse, ce texte court mais si précieux reparaît dans une édition collector très élégante.
J’ai donc décidé d’être désormais une Féministe Africaine Heureuse qui ne déteste pas les hommes, qui aime mettre du brillant à lèvres et des talons hauts pour son plaisir, non pour séduire les hommes.
Exister en tant que femme
Le premier combat, c’est d’exister en tant que femme, non pas attachée au destin d’un homme, mais pour soi-même. Et dans son pays natal, le Nigéria, c’est une vraie gageure. Car le pays est ancré dans une tradition où l’homme est tout. C’est à partir de sa vie et de ses expériences qu’elle pose le constat : la femme africaine n’existe pas. Elle ne peut pas, dans l’imaginaire collectif, avoir de l’argent, ni même entrer seule dans un hôtel sans être soupçonnée d’être une professionnelle du sexe venue rejoindre un client.
Mais pour montrer que la question est universelle et pas seulement africaine, Chimamanda Ngozi Adichie témoigne au nom de ses amies. Des femmes occidentales qui, bien qu’ayant des emplois de haut degré, vivent le même genre d’humiliation. Ces petites remarques qui usent au quotidien et font mal.
Eduquer les garçons
En réaction, fort d’une nature indépendante mais aussi émancipée par sa culture, Chimamanda Ngozi Adichie s’affirme comme femme. Mais son féminisme n’est pas guerrier ou haineux,
Après tous les constats, elle ne propose pas une révolution, mais propose une chose simple, qui permettra de tout équilibrer. La seule manière de vaincre, pour elle, c’est d’éduquer les garçons. Leur apprendre que le monde ne leur appartient pas, que la femme n’est pas un objet. C’est le regard de l’homme qui doit être changé. Et ses manières, et son attention. Non pas pour que la femme devienne un objet précieux, mais qu’elle soit regardée à hauteur d’homme.
Soyons tous des féministes est un texte fondamental, que tous les hommes sûrs de leur domination naturelle du monde devraient lire. Pour évoluer !
Loïc Di Stefano
Chimamanda Ngozi Adichie, Soyons tous des féministes, traduit de l’anglais (Nigéria) par Sylvie Schneider, Gallimard, « folio » hors série littérature, 59 pages, 8 eur