Joséphine d’Yquem, destin de femme

Voici un livre de Christel de Lassus, professeure à l’université Gustave-Eiffel, qui nous entraîne aux origines d’un vin blanc très célèbre, le château d’Yquem. Et on part à la rencontre d’une aristocrate du XVIIIe siècle, Joséphine d’Yquem.

A l’origine d’un grand cru

Rien ne prédisposait Joséphine d’Yquem à devenir la patronne d’un grand domaine viticole. Seulement, elle est la seule enfant de son père, Laurent d’Yquem. Il n’a donc pas d’autre choix que d’en faire son héritière. Intelligente mais timide, peu attirante avec son visage marqué par la partite vérole, Joséphine est mariée à Louis Amédée de Lur Saluces, un jeune militaire dont la famille possède également des vins. Contre toute attente le mariage est heureux et a deux enfants. Joséphine et sa famille vont même à la cour où elle est présentée au Roi. Tout semble lui sourire.

 Elle perd cependant son mari très tôt et se retrouve seule pour faire face à la Révolution.

Une femme de tête

Avec adresse, Joséphine d’Yquem traverse sans trop de dommages la tourmente révolutionnaire, malgré un beau-père royaliste (comme elle) en contact avec des émigrés. Elle réussit à sauvegarder son domaine, n’hésitant pas à envoyer certaines bouteilles à des révolutionnaires pour acheter leur neutralité. Et ça marche. L’avènement de Napoléon ne suscite chez elle aucune joie, contrairement à son fils, tout en l’assurant qu’au fond l’ordre règne. Et ses affaires ont besoin d’ordre. Sur son domaine, Joséphine, aidé de ses régisseurs et de ses équipes, sélectionne avec soin les raisins, choisit de faire des vendanges plus tardives. Son vin blanc est célèbre en France et à l’étranger, jusqu’en Amérique. Elle meurt en 1851, transmettant le domaine à son petit-fils.

Beau parcours auquel ce livre, écrit d’une plume alerte, rend justice.

Sylvain Bonnet

Christel de Lassus, Joséphine d’Yquem, Flammarion, mai 2023, 340 pages, 23,90 euros

Laisser un commentaire