« Hillbilly, tome 1 », la superbe dark fantasy douce-amère d’Eric Powell
Avec Hillbilly, Eric Powell, le créateur de The Goon, revient aux récits d’épouvante. Rondel, le vagabond solitaire, traque les créatures maléfiques dans les forêts des Appalaches du XIXe siècle. De la dark fantasy originale et réussie, dont on attend déjà les tomes 2 et 3 prévus pour cette année.
L’univers de Hillbilly ressemble aux Appalaches du 19ème siècle. Les armes à feu n’ont pas encore été inventées, les animaux peuvent parler et les créatures des légendes existent, comme les gobelins et les sorcières. Rondel, le vagabond solitaire, erre de village en village traque sans relâche les créatures maléfiques à l’aide de son hachoir géant (la légende raconte qu’il vient de la cuisine de l’Enfer) et de Lucille, son ourse grincheuse au grand cœur…
Dark Fantasy rurale
En anglais, « Hillbilly » est vieux terme des Appalaches tiré des mots « hill », la colline, et « billy », version familière du prénom « William ». Hillbilly, ça veut dire péquenot, plouc ou bouseux des Appalaches. Un terme qui résonne en réalité comme la lettre d’intention d’Eric Powell : raconter des aventures fantastiques dans un monde très rural, dans la campagne profonde, ce qu’on appelle communément le « trou du cul du monde ». Le « hillbilly », Rondel, erre dans un monde qui ne semble composé que de bourgades et de grandes forêts denses. Des bois qui dissimulent généralement des créatures dangereuses comme les sorcières. À cause de cette ambiance rurale et surnaturelle, Hillbilly m’a rappelé par moment l’excellente série Harrow County ou bien encore Sleepy Hollow, le film de Tim Burton.
Des histoires courtes et complètes
À la lecture de Hillbilly, on devine qu’Eric Powell a prévu un fil conducteur autour de la vie de Rondel (et notamment ses compagnons d’infortune). Mais l’auteur choisit de se concentrer sur des histoires courtes et auto-contenues. Si bien que lecteur peut parfaitement prendre le train en marche, chaque épisode est indépendant des autres. L’histoire, justement, est au cœur des préoccupations d’Eric Powell. Il met l’accent sur la transmission orale des histoires. Dans Hillbilly, les contes fantastiques sont racontés, comme de vieilles histoires d’horreur qu’on se raconterait autour d’un feu.
Un dessin entre encrage et crayonnés
Le style graphique d’Eric Powell convient parfaitement à Hillbilly. On connait l’amour que l’artiste porte aux monstres en général. Hillbilly lui offre l’occasion de dessiner gobelins, sorcières et monstres cadavériques. Comme sur The Goon, son dessin mélange avec réussite les dessins encrés et les fonds laissés à l’état de crayonnés. Powell a cette manière bien à lui de laisser apparaître les coups de crayons gris. Ceci donne à son trait un côté primitif qui colle parfaitement à l’ambiance roots de Hillbilly.
Stéphane Le Troëdec
Eric Powell (scénario et dessin), Hillbilly, tome 1, traduit de l’anglais par Nick Meylaender, Delcourt, « Contrebande », janvier 2018, 96 pages, 15,95 euros