1913, l’année avant la tempête
Un essayiste allemand
Journaliste et historien de l’art, Florian a travaillé dans différents journaux allemands comme le Zeit (où il est rédacteur en chef des pages littéraires) et s’est fait connaître avec un ouvrage, Generation Golf, publié en 2000 et où il livrait une description sans complaisances de sa génération. Depuis, ses essais rencontrent un certain succès outre-Rhin, ce qui fut le cas de 1913. Ce dernier ouvrage a un but, nous donner une chronique de cette année d’avant-guerre à travers les yeux de personnages connus, intellectuels et artistes, majoritairement allemands et autrichiens. Il fut traduit chez nous par les éditions Piranha, et le voilà au format poche chez Flammarion.
Une chronique curieuse
L’ouvrage commence en janvier 1913 et se termine en décembre de la même année. On y croise Freud, Rilke, Thomas Mann, Kafka mais aussi Hitler et Staline : l’auteur imagine même la possibilité où les deux hommes auraient fréquenté le même parc. 1913 n’est pas une année charnière, disons-le tout de suite. Ce serait adopter une approche téléologique que de chercher 1914 en 1913. Donc nos personnages vivent leurs vies, bâtissent leurs œuvres, tombent amoureux (pauvre Oskar Kokoschka, plongé dans les affres de sa passion pour Alma Malher !) et au final initient le XXe siècle. La psychanalyse, en pleine « guerre » Freud/Jung se développe, et Stravinski célèbre Le sacre du Printemps, matrice de bien des révolutions musicales. Il y a même Louis Armstrong, encore jeune et en uniforme, qui commence à jouer de sa trompette !
L’approche documentaire choisie par Florian Illies est assez intéressante et nous plonge dans ces vies qui ont été si marquantes. Mais un lecteur lambda peut souffrir aussi de la déconnection avec l’époque et la société décrite : il faut quand même bien connaître la période pour s’y retrouver.
1913 – chronique d’un monde disparu est à lire en tout cas.
Sylvain Bonnet
Florian Illies, 1913 – chronique d’un monde disparu, traduit de l’allemand par Frédéric Joly, Flammarion « champs », octobre 2020, 400 pages, 10 eur