Un monde sans travail, un essai qui fait froid dans le dos

Lors de l’épidémie de Covid, les médias ont glosé sur le monde d’après et les politiques ont promis que rien ne serait plus comme avant (pourtant « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent », selon l’adage du grand Charles Pasqua). Un monde sans travail, essai de l’économiste anglais Daniel Susskind, enseignant à Oxford et ancien conseiller du Premier ministre, fournit des pistes sur ce que l’avenir nous réserve peut-être…

La raréfaction du travail

Le monde futur que décrit de manière assez précise Daniel Susskind est simple : il va y avoir moins de travail. Et ce ne sera pas seulement à cause des gains de productivité, cause essentielle depuis un siècle du progrès social et de la baisse du temps de travail. L’automatisation, le recours massif aux robots et surtout à l’Intelligence artificielle va aboutir à la disparition des millions de jobs dans les économies développées et ce même dans des secteurs épargnés jusque-là, comme la médecine. Le risque de paupérisation des populations, avec les conséquences politiques que cela entraîne, est donc énorme.

Le monde qui vient

Pour résoudre les défis de ce nouvel environnement, Daniel Susskind n’a pas de remède ou de solution miracle. Il peut au mieux esquisser des pistes. A côté de développements sur la formation et les compétences à donner aux individus (mais pas suffisantes pour résoudre la crise) ou des appels à développer les loisirs, Susskind revient sur l’idée de revenu universel de base, un concept développé par les libéraux (mais pas que) depuis le début des années 1970 et qui, une fois fondu avec l’essentiel des allocations sociales existantes, permettrait aux gens d’avoir de quoi vivre. Susskind est réaliste, il sait qu’il faudra alors augmenter la pression fiscale, et d’abord sur les plus aisés, pour le financer. Mais qui y aura droit ? Les nationaux seulement ? Les résidents (donc nos migrants qui défraient l’actualité) aussi ? Notons que Daniel Susskind est conscient aussi des risques politiques que cela entraîne. Et une vie sans travail a-t-elle du sens aujourd’hui ? Pas pour beaucoup de gens !

Un monde sans travail est un livre stimulant qui pousse au débat !

Sylvain Bonnet

Daniel Susskind, Un monde sans travail, traduit de l’anglais par Céline Alexandre, Flammarion, janvier 2023, 432 pages, 24 euros

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