L’enfance attribuée, l’art de la dystopie

Un auteur à essayer 

David Marusek est un auteur peu connu en France : un seul de ses romans a été publié, Un paradis d’enfer, aux Presses de la Cité en 2008, ainsi que deux nouvelles. L’Enfance attribuée est une novella autrefois publié dans la collection « Etoiles vives » que les éditions Le Bélial ont choisi de rééditer dans leur collection « Une heure lumière ». Il nous reste maintenant à savoir si lire David Marusek vaut le coup ou pas… 

Le meilleur des mondes 

Bienvenue à la fin du vingt-et-unième siècle dans un monde où les humains ne conçoivent plus d’enfants, sauf permis spécial, pour sauvegarder l’environnement. Ils sont par contre devenus quasiment immortels.  

Sam Harger est un artiste du design, quelqu’un de profondément indépendant, qui n’a confiance que dans Henry, son assistant IA. Il rencontre Eleanor Starke, une femme très ambitieuse dont l’existence approche les deux cents ans. Ils tombent fous amoureux l’un de l’autre, même si Sam ne veut pas se l’avouer jusqu’à ce qu’Henry le mette face à la réalité : 

— Viens-en au fait.

— Le fait est qu’aucune ne t’a fait autant d’effet qu’Eleanor Starke. Ta biométrie bat la chamade.

— On en est plus à la biométrie, dis-je, mais je savais qu’il avait raison, ou presque. »

 Ils se marient et sont choisis pour avoir un enfant, un privilège dans ce monde. Mais un jour, Sam tombe raide inanimé à cause d’une mauvaise analyse de son ADN. Sa vie bascule…  

Une histoire efficace au final 

L’Enfance attribuée est découpée en trois chapitres, d’inégale longueur. Le premier décrit l’histoire entre les deux personnages et leur vision du monde du futur. On a alors droit à certains passages d’une platitude assez édifiante. Peut-être est-ce voulu. En tout cas, tout change lorsque le monde de Sam bascule : d’hyper privilégié, il devient un paria suite à une intervention de la « Milice » contre lui, son ADN correspondant à celui d’un dangereux terroriste. Et là l’histoire tourne à une réflexion sur le contrôle exercé par l’État sur les êtres humains et devient réellement passionnante, avec des échos d’Huxley ou de Nancy Kress (Les hommes dénaturés). Une bonne novella donc, ancrée dans le genre de la dystopie. 

A découvrir. 

Sylvain Bonnet 

David Marusek, L’Enfance attribuée, traduit de l’anglais par Patrice Mercadal, illustration de couverture d’Aurélien Police, Le bélial, « Une heure lumière », août 2019, 128 pages, 9,90 eur

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