Les fils enchevêtrés des marionnettes, le sens de la vie

Un étrange ballet

Dans La guerre des marionnettes (Albin Michel, 2022), Adam-Troy Castro nous a présentés un univers étrange, celui de la planète Vlhan et de ses habitants, dotés de dizaines de membres souples, qui, chaque année, se lancent dans un ballet aussi magnifique que meurtrier car tous les participants meurent… Avec La marche funèbre des Marionnettes, publiée par Le Bélial en mai 2024, nous avons vu une humaine, Isadora, participer pour la première fois, au grand dam des diplomates humains sur Vlhan, au Ballet des marionnettes. Et mourir.

Comprendre le sens d’un rituel alien

« Mon nom est Paul Royko. Ma visite initiale sur Vlhan remonte bien avant-guerre, quelques années à peine après qu’Isadora est devenue le premier être humain à rejoindre les cent mille Vlhanis qui dansent et meurent chaque année dans leur grand Ballet. Les holos de ces derniers moments avaient déjà fait le tour de tout l’espace habité, la hissant dans l’imaginaire populaire au statut d’héroïne tragique et culte. Des milliers de jeunes gens augmentés de façon similaire étaient depuis arrivés sur Vlhan, avec l’intention de suivre son exemple. »

Royko est ce qu’on appelle un shooteur de neuropics et est venu sur Vlhan pour y rencontrer Shalakan, une humaine augmentée choisie par les Vlhanis pour participer à leur Ballet. Après une entrevue très déplaisante avec l’ambassadeur Croyd, Royko se met à la recherche de la jeune femme. Et finit par rencontrer son mari, Dalmo. Lui aussi s’est fait augmenter mais les choses ont mal tourné, il ne peut participer au Ballet. Il est soigné par une humaine qui a grandi chez une espèce extraterrestre, Ch’tpok pour qui Royko se prend d’une certaine sympathie. Très vite, le shooteur se rend compte que Dalmo a beaucoup étudié le Ballet et sa signification. Dalmo cache bien des secrets…

Un récit troublant qu’on ne lâche pas

Étrange histoire que celle dépeinte dans Les fils enchevêtrés des Marionnettes, où le sens du monde semble contenu dans un Ballet meurtrier… Mais pourquoi pas ? Adam-Troy Castro est en tout cas très à l’aise dans le format de la novella, ménageant ses effets pour mieux amener à la révélation finale. On ne peut que saluer sa maîtrise, recommander de lire cette histoire (et les autres) et espérer d’autres traductions de son œuvre.

Sylvain Bonnet

Adam Troy-Castro, Les fils enchevêtrés des marionnettes, traduit de l’anglais par Benoit Domis, Le Bélial « une heure-lumière », illustration de couverture d’Aurélien Police, septembre 2024, 128 pages, 11,90 euros

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