Hiver 1814, le dernier combat

Un écrivain de l’histoire 

Sous-préfet de carrière, Michel Bernard est surtout connu pour ses romans, dont un, Le bon cœur (La table ronde, 2018), a reçu le prix France Télévisions. Il a déjà touché à l’histoire avec La Grande guerre vue du ciel et Visages de Verdun (Perrin, 2016), remarquable ouvrage sur la fameuse bataille dotée d’une iconographie à couper le souffle. Il publie ces jours-ci Hiver 1814, toujours chez Perrin, en fait un récit de la dernière campagne de Napoléon. 

Le crépuscule du héros 

On a déjà lu bien des récits de la campagne de France, une des plus belles du tacticien Napoléon Bonaparte. Il s’était pourtant montré piètre stratège en laissant des dizaines de milliers d’hommes dans des places fortes en Allemagne qui lui auraient été bien utiles cet hiver-là en Champagne.

Michel Bernard peint ici un homme qui est à son crépuscule… alors qu’il accomplit des exploits ! Napoléon reprend les bottes de Bonaparte et réussit à tenir la dragée haute aux troupes alliées, dix fois supérieures. Champaubert, Montmirail sont des preuves de son génie tactique… qui l’amènent à s’aveugler et à recommander à Caulaincourt, son ministre des relations extérieurs, de rester ferme au congrès de Chatillon. Il veut ignorer que les dignitaires de son régime ne veulent que la paix, avec ou sans lui… 

Une méditation nostalgique 

Michel Bernard nous émeut en évoquant ce grand homme qui visite par la force des choses les lieux de son adolescence comme Brienne, où il fut un élève brillant trente ans auparavant. Il retrouve même un de ses anciens professeurs, un ecclésiastique, et un ancien condisciple, un émigré qui tire sur l’envahisseur. Jusqu’au bout, Napoléon croit en sa bonne étoile : l’empereur d’Autriche, son beau-père, va finir par intervenir. Ou alors le Tsar, qui déteste les Bourbons, va (on est après la chute de Paris) accepter une régence de Marie-Louise en faveur de son fils. Rien de tout ça ne marchera, on connaît la suite.

Michel Bernard livre ici un récit émouvant et documenté. Les adversaires de Napoléon n’apprécieront guère… Et alors ? Les autres adoreront. 

Sylvain Bonnet 

Michel Bernard, Hiver 1814, Perrin, septembre 2019, 256 pages, 19 eur

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