Dept H, meurtre en grande profondeur

Seuls les apnéistes survivront à Dept H

Un travail de couple fascinant, Sharlene colorise & son mari Matt scénarise avec une grande intensité et dessine d’une main de maître. Après un prix « Harvey » dès sa première publication et une nomination aux prix « Eisner », ce couple n’aura de cesse de nous étonner avec des environnements à glacer le sang, les profondeurs du Dept. H. 

Suffocant & enivrant

Dès le 1er tome nous sommes immergés dans une ambiance qui oscille entre l’angoisse et la légèreté.

L’angoisse, car emprisonnés dans une base sous marine écrasée par 11 000 m d’eau sur la tête et une pression insupportable pour tout homme sans protections extrêmes.

La légèreté, car le personnage principal oscille entre la première impression de la vie réelle contrastant avec ses rêves ou ses souvenirs mis en scènes de façon bucoliques ou poétiques, cependant le drame auquel elle fait face la fait toujours revenir au réel de façon brutale.

 

 

C’est surtout l’histoire d’un meurtre en eau sombre

Le créateur de cette station sous marine est assassiné. Le meurtrier est l’un des membres de la base. 7 individus dont Raj, fils du défunt. Tous ont de forts tempéraments et des histoires qui se dévoilent au fur et à mesure.

L’enquêtrice qu’ils vont dépêcher pour faire toute la lumière de ce sordide assassinat n’est autre que sa propre fille Mia.

Elle a vécue tous les périples et aventures incroyables de son père en commençant par la création d’une station spatiale en orbite de la terre.

Un père inventeur et visionnaire, qui a davantage vécu pour ses projets que sa famille. La seule place qu’il a pu laisser à ses enfants et de l’accompagner dans ses délires.

Mia va se retrouver à 10 km de profondeur afin d’analyser le situation, comprendre les raisons de la mort et tenter de découvrir le ou les criminels. Il est difficile pour elle de délier le vrai du faux avec un environnement et des passagers plus qu’hostiles.

Ce qui devait arriver, arriva, une suite de catastrophes dans la base, probablement d’origines criminelles vont mettre en difficulté sa quête mais surtout va mettre en péril la sauvegarde de la base et surtout sa vie et celle de l’ensemble de l’équipage.

Scénario très rythmé

L’encre de chine assombrie l’ambiance en lui donnant l’intensité surement recherchée. Les couleurs pastel de l’aquarelle rend brumeuse l’ambiance et vive à la fois.

Les flashbacks sont principalement en noir et contribuent à souligner le côté dramatique de la situation.

Les 2 premiers épisodes sont très rythmés, on dévore de façon vorace chaque tome. Ce qui rend d’autant plus hypnotique la lecture sont les légendes sur une grande partie des planches et qui ponctuent l’histoire de pensées, ou d’explications ce qui nous contraint d’être en apnée pour lire à la fois les dialogues et les sous entendus. Magistral ! 

Pour apporter de la poésie à cette ambiance glauque, Matt créé des planches et scènes magnifiques, tantôt des plans larges ou serrés.

 

Xavier de la Verrie

Matt Kindt (récit et dessin), Sharlene Kindt (couleur), Dept H, tome 1/4, Futuropolis, avril 2018, 160 pages, 22 euros

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :