Dictionnaire du cinéma britannique, la gloire des films anglais

Réparer une injustice

Ancien journaliste à la revue Positif, N.T. Binh s’associe à Jean-François Baillon pour nous donner un dictionnaire sur un cinéma censé… Ne pas exister si on suit le jugement rapide de François Truffaut formulé il y a quelques décennies ! Autant Truffaut critique eut des intuitions géniales sur Hitchcock et Hawks, autant il se trompait là lourdement. Ce dictionnaire constitue une belle occasion de découvrir un cinéma négligé et pourtant majeur.

L’ombre d’Hitchcock…

Hitchcock justement. Il fut tellement révéré, célébré, étudié, décortiqué qu’il en a fait oublier le cinéma dont il était issu. Or, la Grande-Bretagne ne manquait pas de cinéastes, auxquels ce dictionnaire consacre des notices passionnantes. Citons l’auteur du Troisième homme, Carol Reed, David Lean mais aussi ces metteurs en scène des studios Ealing dirigés par Michaël Balcon : Robert Hamer (il pleut toujours le dimanche, Noblesse oblige), Charles Crichton (De l’or en barres), Alberto Cavalcanti ou encore Alexander Mckendrick (Tueur de dames, Whisky à gogo). Mentionnons aussi les studios Hammer et les films de Terence Fischer.

Une relation consanguine avec Hollywood

Au fond, c’est peut-être Hollywood qui fait oublier le cinéma britannique. La langue et la culture commune font que beaucoup de cinéastes, d’acteurs et d’actrices font le voyage jusqu’en Californie et construisent des carrières entre les deux rives de l’Atlantique : Carol Reed, James Mason et plus récemment John Boorman et Stephen Frears. Mais il y a aussi des américains qui font le trajet inverse, comme Mackendrick lui-même (il était né à Boston) Joseph Losey (à cause du MacCarthysme), Kubrick (pour être indépendant). Aujourd’hui, c’est l’ambition de la plupart des cinéastes de faire carrière à Hollywood car, contrairement à la France, le cinéma n’est pas subventionné et la concurrence est rude. En tout cas, il est temps de dresser le constat suivant : le cinéma britannique vaut le coup d’être étudié (et vu). Rien que pour un OVNI comme pour Au cœur de la nuit, vous ne le regretterez pas…

Sylvain Bonnet

N.T. Binh & Jean-François Baillon, Dictionnaire du cinéma britannique, Vendémiaire, avril 2023, 720 pages, 33 euros

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