Les Hauts de Hurle-Vent, le classique d’Emily Brontë

Les Hauts de Hurle-Vent fait partie de ces bons gros romans de la littérature mondiale, qui ont acquis le statut de grand classique. Ils sont ces livres dont on dit qu’il « faut » les lire, juste après Autant en emporte le vent, et juste avant Anna Karénine. En rééditant en poche l’unique roman d’Emily Brontë, les éditions 10/18 donnent l’opportunité de se (re)plonger dans les pages sombres de cette œuvre qui traverse les siècles, grâce à sa charge symbolique et psychologique puissante. 

Dans les landes du Yorkshire

Que nous raconte Emily Brontë ? Elle nous entraine dans les aventures de deux familles isolées sur les landes du Yorkshire, battues par des bourrasques glacées. Elles vivent dans des châteaux aussi sinistres que peu chauffés, sans vie sociale, ni culturelle, ni professionnelle. Les malheureux s’y épuisent dans une existence dénuée d’argent, de confort, et d’amour. Jusqu’au jour où survient un étranger à leur clan, le terrible Heathcliff, qui sème le vent et la tempête…

Dès lors, le livre se décline en un effroyable catalogue de vilénies, de vengeances, de cruautés et de monstruosités. Et l’un après l’autre, tous les personnages vont mourir à petit feu… Une vieille domestique y survit, celle qui raconte cette histoire semée de larmes et de morts. Comment tout cela se termine-t-il ? Très mal, évidemment. 

Un soupçon de scandale

A la parution du livre, en 1847, le scandale hurla lui aussi, pour condamner son pessimisme affiché, son irrespect des bonnes mœurs et des rigides conventions sociales de l’époque. D’autres observateurs y ont vu une belle lutte du Bien contre le Mal, Heathclif représentant le Grand Satan, acharné à la perte de la société. Mauriac aurait probablement privilégié cette thèse, tant il est vrai que, même en Angleterre, il existe des Thérèse Desqueyroux, pleurant sur leur destinée au milieu des ajoncs et des bruyères. 

Emily Brontë a peu survécu à son livre, écrit sous le pseudonyme d’Ellis Bell. Elle est morte à trente ans de la tuberculose, un an après sa parution. Comment a-t-elle pu imaginer cet incroyable roman, elle qui vivait recluse avec son père et ses sœurs, dans une campagne bien comparable à celle de ses héros, et sans le moindre amour à se mettre au fond du cœur ? On l’ignore. Ce livre est donc un grand mystère. Rien que pour cela, il vaut la peine d’être ouvert. 

Didier Ters

Emily Brontë, Les Hauts de Hurle-Vent, traduit de l’anglais par Frédéric Delebecque, 10/18, 475 pages, novembre 2019, 7,10 eur 

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