Emma Wrong, sublime thriller romanesque tout en couleur


Lorenzo Palloni a-t-il voulu faire un album politique sur le douloureux sujet de la maltraitance des femmes ? En tout cas, avec l’illustratrice Laura Guglielmo, il déploie une aventure en cinémascope, l’intrigue jubilatoire d’Emma Wrong.

L’enquête de sa vie

Emma Wrong est une femme fascinante, elle est belle, féminine, séduisante, avec l’idée fixe de retrouver son mari. Elle irait au bout de sa propre vie pour y parvenir.

Elle débarque dans un motel isolé du Nevada en janvier 1951, alors que tous les clients se prélassent au bord de la piscine, seule vraie occupation des habitants. En fait, ils attendent tous un évènement unique : le premier essai nucléaire sur le sol américain. L’ambiance parait des plus flegmatiques comparée à l’explosion qui risque de se produire.

Les hommes sont cependant subjugués par cette arrivée étonnante. Les femmes ne remarquent que la concurrente à abattre…

Sa présence n’a qu’un objectif : retrouver son mari qui s’est enfuit et se serait réfugié dans ce motel. Elle ne peut le reconnaitre car d’après son enquête elle sait que la chirurgie plastique l’a transformée. Mais pourquoi voulait-il échapper aux services secrets de divers pays qui le recherchent inlassablement ?

Elle commence son enquête au motel mais la situation lui échappe et sa vie ne tient plus qu’à un fil. Comment arrivera-t-elle à écarter ceux qui paraissaient être de courtois locataires et se dévoileront comme autant d’espions qui pourchassent son mari ? Quel nid d’espions que ce motel faussement indolent !

Un sublime travail de sérigraphie

Que ce soit par le dessin, par la recherche de la mise en lumière et des couleurs, tout pousse à nous entrainer dans les années 50, des années d’insouciance après la Deuxième Guerre Mondiale.

L’ambiance est tout autre car nous sommes embarqués dans une thriller d’espionnage où nous sommes vite confrontés aux morts en cascades. Et l’éminence de cet essai nucléaire assombrit encore le paysage.

L’intrigue dévoile peu à peu les origines du couple, ce qui a poussé le mari à s’en extraire et les rebondissements sont tels que l’on imagine à tout instant une fin hasardeuse, pour notre grand plaisir.

Le traitement graphique est une grande réussite. La réminiscence de la sérigraphie donne l’esprit d’une œuvre datée avec une tonalité de douces couleurs sépia qui vient renforcer cette impression. Les dessins très élégants — parsemés de panoramiques sur deux pages — renforcent le côté théâtral et donne un effet cinémascope des plus réussis.

Un album vraiment passionnant.

Xavier de la Verrie

Lorenzo Palloni (scénario) & Laura Guglielmo (dessin), Emma Wrong, Akileos, février 2019, 160 pages, 19 eur

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