En moi le venin, Philippe Hauret plonge à la source de l’infection


Un autodidacte déterminé

Philippe Hauret, cinéphile, guitariste et lecteur fiévreux de ses romanciers favoris (Fante, Carver et Bukowski), est l’auteur de trois romans remarqués. Né en 1963 il ne trouvera que dans l’écriture l’exutoire à une vie sans réelle épaisseur. En moi le venin, son quatrième roman, puissant, est d’abord le parcours d’un homme hanté par son passé, et qui va l’affronter.

Une multitude de décors sans aucun rapport… en apparence

L’histoire d’En moi le venin commence par une soirée banale de Valéry, personnage taciturne, homosexuel en couple avec un jeune apollon toxicomane, et tenancier d’une boîte de nuit aux activités variant des plus légales aux plus douteuses, dont le trafic d’êtres humains incluant la prostitution. L’on y découvre Chana, jeune « employée » de cette activité pour le moins lucrative couverte par les pots-de-vin versées aux autorités locales qui ne manquent pas d’en bénéficier. 

Puis nous découvrons le narrateur, Franck Mattis, ex lieutenant de police en chute libre, qui apprend le décès de sa mère avant de prendre connaissance que son père était décédé la semaine d’avant. Cet évènement conduit Franck à se rendre sur les lieux de résidence de ses parents, où il ty a passé toute son enfance. Se sentant seul et à l’écart de sa famille restante, il cherche et retrouve sans peine Ben, un ami d’enfance, ce dernier n’ayant pas changé d’adresse.

Nous faisons ensuite la connaissance d’Esther, femme intrigante chargée de communication pour un homme politique sans scrupules. C’est également une ancienne amie de Franck. 

Les tableaux, décors et personnages se multiplient au sein de cette ville, s’entremêlent alors que rien ne le laissait présager. Et l’on se rend compte que le monde est petit, et que certaines choses changent et d’autres pas.

Et lorsque la politique s’en mêle

Franck découvre les méandres et les pires bassesses du monde politique, essayant de protéger les dernières personnes qui lui sont proches.

De l’autre côté naît une idylle qui va virer au cauchemar. Et non loin de là une vengeance va entraîner la mort. Puis une nouvelle va bouleverser la vie de l’intangible Valery.

Parallèlement, un personnage effacé va prendre la plus grosse décision de sa vie, et bousculer le monde politique qui s’annonçait localement.

Tout va s’enchaîner, sans que l’on puisse prévoir le choix ni les conséquences des actes de chacun, jusqu’à un épilogue inattendu digne d’un retour de karma pour ceux d’entre nous qui croit en ce genre de retournement de situation.

Une toile d’araignée parfaitement tissée

J’ai dévoré En moi le venin en une journée, on ne peut le lâcher tant que l’on ne connaît pas le destin réservé à chacun des personnages. Certains auront ce qu’il méritent, d’autres non, à l’image de la vie, de la société et de ses injustices.

Tout est organisé de façon orchestrale, et même si au départ bien entendu on ne comprend pas les liens entre les personnages, la vérité va éclater au grand jour rapidement et faire mal, éclaboussant tous les protagonistes. 

Le monde est vraiment petit, et revenir sur les lieux d’une ancienne vie et y rester pour s’impliquer n’est peut être pas une brillante idée.

Minarii Le Fichant

Philippe Hauret, En moi le venin, Jigal, septembre 2019, 227 pages, 18,50 eur    

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