La vie en rose, la femme est toujours l’avenir de l’homme
Auteur à suivre
Marin Ledun œuvre aussi bien pour la jeunesse que dans le polar. On lui doit par exemple Ils ont voulu nous civiliser (Flammarion, 2017) où il évoquait sans fards la vie d’un ancien de la guerre d’Algérie mêlé à des règlements de compte entre dealers. La Vie en rose reprend les personnages de Salut à toi ô mon frère paru en 2018, polar ironique et caustique qui avait plu à l’auteur de ces lignes. Et quid de la suite, La Vie en rose (quel titre) ? Eh bien, elle est pleine de promesses ami lecteur !
Enfin libre… et non !
Rose Mabille-Pons est libérée de ses parents, partis en vacances en Polynésie pour plusieurs semaines. Elle doit s’occuper de sa famille mais elle en a l’habitude. Bref, elle a tout pour être tranquille et filer le parfait amour avec son cher Richard Personne, lieutenant de police de son état. Seulement voilà, il y a un hic :
Trois jours plus tard, je suis là, le cul sur la faïence gelée, à verser toutes les larmes de mon corps, un test de grossesse dans une main et un paquet de certitudes qui volent en éclats dans l’autre. / Positif évidemment, le test. »
Ce n’est que le début des ennuis pour Rose. L’ex petit ami de sa sœur Camille est retrouvé mort et bientôt c’est son meilleur ami qui est poignardé. Et la police fait son enquête, pas très adroite et mettant le beau Richard Personne, le futur père, dans une mauvaise position vis-à-vis de sa compagne. Mais Rose a de la ressource et va identifier qui tue ces pauvres mômes… Une bonne initiation somme toute au métier de parent.
Pourquoi ça marche
Beaucoup pensent que le polar est dépourvu d’humour : ce sont des cuistres. L’humour est une arme du polar face à un monde de plus en plus désespéré. Un des meilleurs auteurs de romans noirs, Donald Westlake, a prouvé avec les romans du cycle de Dortmunder que l’humour dans le genre fonctionnait très bien. C’est la même chose avec Marin Ledun ici. Avec son personnage de Rose, fan de heavy metal (elle déteste Claude François, un plus), il donne libre cours à sa verve tout en livrant une intrigue au final assez flippante : vous ne regarderez plus les profs de la même façon.
La Vie en Rose est une réussite, une vraie joie en ces temps plutôt sombres. Car l’humour ne peut cacher, bien sûr, un désespoir tranquille (et résigné ?) quant à l’évolution de notre société. A dévorer en tout cas.
Sylvain Bonnet
Marin Ledun, La Vie en rose, Gallimard « série noire », mai 2019, 320 pages, 20 eur
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