Les profondeurs de Vénus, aller vers l’inconnu

Un auteur à succès

Auteur du Magicien quantique (Albin Michel, 2020) et du Jardin quantique (Albin Michel, 2022), l’auteur canadien Derek Künsken est tenu outre atlantique comme un des tenants du nouveau space opera. Le nouveau, disons-le d’emblée, ressemble beaucoup à son devancier et c’est tant mieux : Le magicien quantique s’est très bien vendu, c’était amplement mérité tant pour son côté hard science que pour le fameux sense of wonder. Les profondeurs de Vénus est le premier volet d’un dyptique mettant en scène des pionniers… québécois.

Dans la chaleur de Vénus

« Des éclairs distants crépitèrent dans la bande radio. Des gouttes d’acide sulfurique s’écrasèrent sur la visière du casque de Pascal. Ils baignaient dans une brume jaune. Les orages commençaient rarement si profond sous les nuages, mais les plus gros pouvaient se frayer un chemin jusque-là. »

Bienvenue sur Vénus au vingt-troisième siècle où des familles venues du Québec ont commencé la colonisation d’une partie de la haute atmosphère, le sol étant interdit à toute vie. George-Étienne d’Aquilon et sa famille vivent dans un habitat, une sorte de vaisseau qui vogue entre les grandes plantes qui planent au-dessus de la planète. Il est entouré de deux de ses fils, Jean-Eudes (apparemment attardé mais passionné par la mécanique) et de Pascal, doué pour l’ingénierie tandis qu’Émile est parti, plus porté sur la poésie. Sa fille Marthe représente la famille, entre autres, au conseil. La famille d’Aquilon fait une découverte majeure : un vent venu du sol les mène à une sorte de grotte où reposent des sondes spatiales, non-humaines, venues selon Pascal par un trou de ver. George-Etienne se demande quoi faire de cette découverte au moment où le conseil veut le dépouiller de son vaisseau, trop usé. La famille d’Aquilon va devoir faire un choix.

L’exploration la plus dangereuse possible

Les profondeurs de Vénus est un roman de colonisation par l’humanité d’un monde hostile où finit par se poser la possibilité de technologies nouvelles voire d’un contact avec une intelligence extraterrestre : vertigineux ! Derek Künsken habille ses personnages d’un vernis contemporain : ainsi Pascal se sent plus féminin que masculin (pourquoi pas ?), Marthe préfère les femmes, etc. C’est son droit. Et la réussite de l’ensemble, ancré dans la hard science et le space opera, nous fait espérer la parution rapide de la suite.

Sylvain Bonnet

Derek Künsken, Les profondeurs de Vénus, traduit de l’anglais par Gilles Goullet, Albin Michel « imaginaire », illustration de couverture de Manchu, mai 2023, 544 pages, 24,90 euros

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