La millième nuit, crime chez les immortels
Un des maîtres de la science-fiction contemporaine
Astrophysicien de formation, Alastair Reynolds est devenu un auteur de science-fiction grâce au cycle des Inhibiteurs, lancé par L’espace de la Révélation (Presses de la cité, 2002) : on y découvrait des Humains peinant à dépasser la vitesse de la lumière, découvrant des traces d’anciennes espèces et devenant la proie de machines intelligentes cherchant à les éliminer. On lui doit également une collaboration avec son maître Arthur C. Clarke avec Les chroniques de la méduse (Bragelonne, 2018). La millième nuit est une novella publiée pour la rentrée 2022 par Le Bélial.
Une rencontre au sommet pas comme les autres
« C’était l’après-midi avant de dévoiler mon fil, et je ne me sentais pas très bien. L’estomac noué, je manquais d’appétit et n’avais aucune envie de faire la conversation. Il me tardait que les prochaines vingt-quatre heures soient passées et que quelqu’un d’autre s’angoisse à ma place. Les convenances l’interdisaient, mais je ne rêvais que de rejoindre mon vaisseau pour m’endormir jusqu’au matin. Au lieu de quoi, il me fallait sourire et supporter tout ceci, à l’image de mes prédécesseurs lors de leur propre nuit. »
Campion fait partie de la Lignée Gentiane, des clones immortels créés par Abigail Gentiane il y a des centaines de milliers d’années. Dans une galaxie ou l’humanité a colonisé beaucoup de planètes, créant des civilisations qui périssent fatalement, ces clones sont à la recherche de choses nouvelles, d’expériences inédites. Tous les deux cent mille ans, ils se retrouvent sur une planète pour partager ces expériences en créant un « fil ». Dernier gagnant de ce « concours », Campion se voit chargé d’organiser la nouvelle rencontre… Sauf qu’il découvre quelque chose d’étrange : un de ses frères, Burdock, a falsifié son fil. Campion, avec l’aide de sa sœur Purslane (qu’il aime un peu plus que les autres) va tenter de comprendre ce qui s’est passé. Et va découvrir un gigantesque complot.
Une novella vertigineuse
Avec La millième nuit, nous voici projetés à des millions d’années, avec des êtres qui n’ont plus du tout le même rapport au temps. Reynolds place ses pas dans ceux laissés par Clarke mais aussi Olaf Stapledon. Pourtant, comme dans son cycle des Inhibiteurs, l’humanité n’a pas réussi à dépasser la vitesse de la lumière. Pour le reste, cette enquête criminelle pas comme les autres est assez réussie. On ne peut que vous recommander ce récit d’Alastair Reynolds.
Sylvain Bonnet
Alastair Reynolds, La millième nuit, traduit de l’anglais par Laurent Queyssi, illustration de couverture d’Aurélien Police, Le Bélial, août 2022, 144 pages, 10,90 €