Fortune de mer, docu-fiction sur le sauvetage en mer
Clément Belin est un fidèle auteur chez Futuropolis. C’est à partir de 26 ans qu’il écrit sa première bande dessinée (Les Marins perdus, adaptation d’une œuvre de Jean-Claude Izzo) sur un thème qui lui est cher : la mer. En effet il fait échos à sa première vie professionnelle passée sur de nombreux bateaux, pétroliers et navires en tout genre. Du coup, est-ce un marin bédéiste ou un bédéiste marin ? Costès, quant à lui, entame sa première expérience en bande dessinée comme scénariste de ce Fortune de mer.
Genèse
Mais en fait Clément et Costès sont 2 amis dans la vie qui partagent la passion de la mer.
Ce sont des marins émérites qui se retrouvent cette fois-ci pour un projet de bande dessinée et contre vents et marrées ils vont façonner un document fiction au long cours sur un navire qui pourrait s’apparenter à un navire de guerre mais qui secoure les naufragés au large de la Bretagne.
Le bon et la brute
Deux personnages se font face dans cette bande dessinée, Jonathan et Bourdon.
Le premier est le nouveau lieutenant qui débarque, il paraît novice et incrédule face au second, Bourdon qui est en fait un vaisseau sauveur insubmersible, l’un des plus renommé de toute la côte bretonne.
A l’assaut des trapanelles
Jonathan débarque un beau matin grisonnant et pluvieux en rade de Brest avec son baluchon pour aborder ce fier navire. Un peu la fleur au fusil, il va rencontrer l’équipage peut être un peu trop sur de lui pour avoir un accueil chaleureux. Il va s’immerger et commencer à se fondre dans la vie de cet illustre rafiot avec son équipage où chacun à un tempérament bien trempé.
Bientôt le vaisseau qui s’apparente à un bateau de combat va prendre le large. Il va se caler autour de l’ile de Ouessant et attendre qu’un bateau se déclare en difficulté pour venir le secourir.
Mais on va se rendre compte que le sauvetage est aussi une affaire de gros sous et que chacun peut y trouver son compte avec plus ou moins d’intérêts. Le médiatique commandant compte bien prouver qu’il est digne de sa réputation et s’attaquer à forcer la main d’un navire étrangement à l’arrêt en pleine mer et qui montre des signes de dérive inquiétante.
Le jeune lieutenant sera le négociateur sur cette trapanelle avec un autre commandant près à tout pour s’échapper de ce sabordage qui lui paraît illégal.
Un pays loin du pays
Ouvrir cet album c’est s’immerger d’une part dans une ambiance marine avec ses effluves de rouille, d’odeurs acres d’huiles de moteur et, d’autre part, ses codes et surtout son langage. Un lexique en fin de livre permet de mieux comprendre le sens des mots et s’éveiller au us et coutumes de la marine.
Un album sur des tonalités en nuances de gris légitimes. Une ambiance où l’on oscille entre la routine et l’ennui mais aussi avec des moments d’excitation et de frayeur où le danger n’est jamais bien loin.
Un « docu-fiction » sur le sauvetage en mer promettant une rare immersion !
Xavier de la Verrie
Costès (Scénario), Clément Belin (dessin et couleur), Fortune de Mer, Futuropolis, avril 2018, 118 pages, 20 euros