Une affaire si facile, de Francis Szpiner

Le grand avocat Francis Szpiner met en scène un jeune avocat, Simon Fogel, habitué aux affaires politiques et médiatiques. Mais il va être confrontés dans Une affaire si facile, à un dossier qui pourrait être inspiré par l’affaire Jacqueline Sauvage. Un dossier simple, peut-être bien trop…

Une petite femme victime

Martine est une petite femme simple. Quasi insignifiante. Mais elle a fait un beau mariage, quitte sa province et s’installe en banlieue parisienne pour y construire sa famille. La naissance du petit Nicolas, et puis tout change. Marcel, son mari, laisse libre court à ses perversions, et l’entraîne de plus en plus dans sa dépravation sexuelle. S’ensuivent humiliations, mépris, violences conjugales. Un matin qu’elle se refuse, une gifle plus forte qu’à l’ordinaire, une course poursuite : elle se cache dans la cuisine et lui va se recoucher. Elle revient avec son fusil de chasse, lui tire en pleine tête, et sort de la maison pour obtenir le soutien de l’avocat conseillé par sa sœur, flic aux Stups.

Une affaire simple en effet. Mais en 1984, peut-être un peu moins. La liberté de la femme est moins évidente qu’aujourd’hui. Et le viol entre époux, même s’il est reconnu depuis 1980 (1), est toujours entaché de sourires goguenards de la société qui juge la victime. Et porter plainte est une gageure et nombre d’épouses subissent, pour les enfants, pour garder sa honte secrète…

— La Vérité ? L’avocat n’est pas au service de la vérité. L’avocat est au service de la vérité judiciaire. Et les Latins disaient déjà que la vérité judiciaire devait être tenue pour la vérité, ce qui prouve bien qu’ils avaient conscience que la vérité judiciaire et la vérité étaient pas une seule et même chose.

La vérité judiciaire

Une affaire si facile nous fait entrer dans la tête de l’avocat chargé de défendre cette victime d’un quotidien immonde. Mais il forme aussi miroir pour découvrir le petit monde de la Justice,

Une affaire si facile est le roman d’un procès et comme un reportage dans les rouages de la Justice. L’écriture, apparemment froide et désincarnée, permet au contraire de s’inviter dans cette atmosphère particulière, et que Francis Szpiner connait si bien.

Loïc Di Stefano

Francis Szpiner, Une affaire si facile, Le Cherche midi, septembre 2020, 17 eur

(1) La loi du 23 décembre 1980 définit le viol comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ( article 222-23 du code pénal).

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