Encre sympathique de Patrick Modiano


Les amateurs de Modiano vont être comblés. Son dernier livre, Encre sympathique, est dans le droit fil de toute son œuvre, et Modiano aurait-il voulu faire du Modiano qu’il ne s’y serait pas pris autrement. 

Chercher la femme

Le narrateur de ce roman — détective d’occasion en ses vertes années — conte par le menu sa recherche d’une jeune femme disparue, Noëlle, que ni son mari, ni ses proches n’ont vue depuis des semaines. Et nous voilà partis sur les traces de la belle envolée… Comme toujours Modiano nous promène de rues en rues, n’omettant aucun numéro d’aucun boulevard, ni de quartier, ni d’arrondissement. Grâce à quoi on visite Paris inlassablement, sans bouger de son fauteuil. Car Modiano prend le lecteur par la main, avec cet art consommé du détail géographique. Tellement que c’est ce Paris adoré qui devient presque le personnage principal du livre. 

Du pur Modiano

Sur ce point, Encre sympathique est en totale concordance avec les œuvres qui l’ont précédé, La Place de l’Etoile par exemple, mais aussi Dans le café de la jeunesse perdue, et surtout l’étonnant Pour que tu ne perdes pas dans le quartier, au titre inoubliable….

Même apologie citadine avec ce nouveau roman. Le détective, hanté par la figure de l’absente, la poursuit longtemps, ne cesse d’y penser. Et finalement, il se remet à sa recherche dix ans après sa soi-disante disparition. On passe alors de Paris à Annecy, puis à Rome. Toujours des villes. Et toujours ce style inimitable de Modiano, le mot juste, la syntaxe facile, cette prose légère qui coule. Sans aucune concession à ces propos à la mode, toutes ces trissotinades et autres cuistreries qui encombrent tant de bouquins. 

Bref, c’est du Modiano pur jus, qui ne se lit pas. Il se déguste. 

Didier Ters

Patrick Modiano, Encre sympathique, Gallimard, septembre 2019, 130 pages; 16 eur

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