De Gaulle, le stratège au long cours

Un spécialiste de la Deuxième Guerre mondiale

Auteur de biographies de Churchill (Tallandier, 2001), Goering (Perrin, 2009), Mountbatten (Payot, 2006), ainsi que de synthèses fameuses des relations entretenues par de Gaulle avec Churchill (Plon, 1982) ou Roosevelt (Perrin, 2004), François Kersaudy est un des meilleurs historiens de la période de la seconde guerre mondiale. En cette année de célébrations « gaulliennes », il publie De Gaulle stratège au long cours dans la collection « maîtres de guerre » un essai sur le fameux général.

Du combattant fait prisonnier au colonel « motors »

Très tôt, de Gaulle a eu la vocation militaire et a réussi, en travaillant dur, à entrer à Saint-Cyr. Très tôt, il a eu aussi le sentiment qu’il avait un « destin ». Mais ce ne sera pas pendant la Grande guerre : jeune officier, il est blessé puis fait prisonnier en 1916. On note en tout cas dans sa correspondance privée qu’il remet en cause les conceptions apprises, conscient que « le feu tue ». Après-guerre, de Gaulle entre à l’école de guerre et se fait remarquer par ses conférences brillantes (patronnées par Pétain qui l’a pris sous son aile) et par son caractère altier. Il se fait dans les années trente le grand promoteur des chars (mais il n’est pas le seul) et tente de sensibiliser la classe politique, sans grand succès. Paul Reynaud le soutient cependant et, après des combats acharnés à Montcornet et Abbeville, le fait entrer au gouvernement.

Une stratégie pertinente

De Gaulle n’a pas brillé au combat même s’il s’est montré courageux et pugnace. Il va cependant se révéler comme un grand stratège. D’abord l’appel du 18 juin est un geste stratégique : il sait que tôt ou tard, les États-Unis soutiendront la Grande-Bretagne et qu’Hitler envahira l’URSS. Ensuite, bien que militaire, il soutient la primauté du pouvoir politique sur l’armée : c’est en politique qu’il reconstruira l’outil militaire en 1943-44 pour que la France retrouve son rang et soit parmi les vainqueurs. On retrouvera cette conception plus tard lors de la guerre d’Algérie lorsqu’il réprime la tentative de coup d’état en mars 1961 et l’OAS de Salan. Enfin, sa volonté de doter la France de l’arme nucléaire répond aussi à une logique stratégique en sanctuarisant une fois pour toutes ( ?) le territoire national grâce à la dissuasion du faible au fort.

De Gaulle stratège au long cours est un ouvrage stimulant servi aussi par une très bonne iconographie.  

Sylvain Bonnet

François Kersaudy, De Gaulle stratège au long cours, Perrin « maîtres de guerre », septembre 2020, 336 pages, 25 eur

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