Jusqu’au dernier, western humain et cruel


Vous imaginez peut-être que Jusqu’au dernier va évoquer le dernier cow-boy solitaire remplacé par des moyens bien plus modernes ? Vous n’êtes pas loin de la vérité. Mais il s’agit surtout d’une hitoire de vengeance. Jérôme Félix a déjà tâté du pistolet à six coups et il entraine son ancien élève Paul Gastine dans cette aventure, sur des sentiers dangereux.

Ils l’ont buté pour être sûrs que personne n’apprenne jamais que Sundance est une ville de lâches. »

Cowboy démodé

Russel est un cowboy qui a traîné ses santiags sur de nombreux chemins en guidant le bétail. Mais le de chemin de fer va bientôt conduire plus vite, en sécurité et sans en perdre en route les bêtes.

Son sort en est jeté ! Il prend ses économies et part s’acheter une ferme pour s’encrouter comme lui dise son entourage. Son chemin le guide chez un ami qu’il retrouve au cimetière, et dont le fils veille le corps sans vie de sa mère depuis plusieurs jours. Il prend Benett sous son aile. Et lors d’une étape à Sundance, Montana, ce garçon un peu simplet est retrouvé mort au pied d’un arbre.

Il n’est pas convaincu par la thèse de l’accident affirmé par le maire, qui ne veut surtout pas d’histoire dans sa ville. Cela signera le début de la fin et l’acharnement des uns comme des autres pour d’une part connaitre la vérité en utilisant la menace et d’autres part en tentant d’étouffer cette histoire qui commence à gangréner la ville.

Fresque vibrante d’émotion

Les auteurs ont su apporter du sang neuf dans cette fresque américaine. Ils ont dissocié deux ambiances qui s’opposent.

La première partie apporte une atmosphère nostalgique des péripéties de cowboy, bientôt révolue. La révolution industrielle est en marche : le chemin de fer qui éteint sans empathie un métier historique et l’image des cowboys solitaires. Ils seront bientôt oubliés avec leur aigreur et doivent se recycler pour survivre. Nous pourrions faire sans mal un parallèle avec de nombreuses autres époques comme la nôtre.

Et puis tout dérape dans la deuxième partie : le loup solitaire devient féroce, prêt à tout. Le voilà pris dans un engrenage pour sauver sa philosophie et son honneur.

Le dessin est inspirant. On se retrouve embarqué au côté des personnages dans le désert. Ou bien au bord d’un ruisseau contre le feu nocturne entouré de l’inquiétante pénombre. Les paysages, la vie des villes du far west et des personnages intenses se déploient en caractère et en couleurs.

Il aurait peut-être été préférable de scinder l’histoire en deux tomes. Cela aurait évité des raccourcis et ainsi amener plus de contenus et un épilogue plus aboutit.

Xavier de la Verrie

Jérôme Félix (scénario) & Paul Gastine (dessin), Jusqu’au dernier, Grand Angle, octobre 2019, 72 pages, 17,90 eur

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