« On ne peut pas toujours voyager » d’Elisabeth Foch-Eyssette


Mais on ne peut pas toujours rester au même endroit ». Ainsi, le ton est donné, il est amusant, et ce livre écrit avec légèreté, n’a pas la prétention de philosopher,  mais d’être lu dans la joie et la bonne humeur. 

Le thème du voyage est constant chez Elisabeth Foch-Eyssette, qui construit depuis vingt ans une œuvre puisée aux sources les plus lointaines de la géographie planétaire. Tout naturellement, on va donc rencontrer dans cet ouvrage un berger au Népal, un renard en Patagonie, un boutre en Mer Rouge, des étoiles dans le désert. Peu s’en faut qu’on touche aux neiges du Kilimandjaro.

Mais l’important n’est peut-être pas là, il se concentre sur le voyage lui-même, sa préparation,  l’intérêt d’un sac bien rangé, qui ne le restera pas, la découverte « des hôtels douteux et des jardins radieux », de la Mongolie aux Andes, en passant par l’Ethiopie, l’aéroport, les cartes, les frontières, et cette obligation secrète de prendre le large. 

Et puis, après le départ, il y a le retour. C’est la Maison, lieu de repli, de famille, souvent chargée d’histoire. C’est la deuxième partie du livre, qui sert de complément à la première. On s’y promène aussi, dans les souvenirs d’une cabane d’enfant, dans l’odeur de placards ancestraux, dans une digression potagère vers les jardins. La lumière fascinante de la cheminée, la vieille maison de poupée, les photos d’avant : on passe ainsi de pièce en pièce, et l’auteur en fait « l’usage jusqu’à l’usure », habillant le présent et le passé d’une douce nostalgie. Voyages intérieurs, puisque « On ne peut pas toujours voyager »….

On pourra déplorer dans ces pages quelques banalités et l’empilage de citations inutiles. Mais de charmantes pépites s’y dévoilent aussi. Certains chapitres n’excèdent pas dix lignes, petits poèmes vivants et évocateurs ; d’autres sont faits de pointillisme, comme on ajoute un confetti de couleur dans un tableau impressionniste. Partir, c’est bien ; revenir, c’est bien ; être ici ou là, c’est bien. Un livre rafraichissant. 

Didier Ters

Elisabeth Foch-Eyssette, On ne peut pas toujours voyager », Arléa, mars 2018, 190 pages, 19 euros,

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