Je vis, je meurs de Philippe Hauret

Quand un homme ordinaire se jette sans le savoir dans une spirale infernale

Sélectionné pour le Prix Dora Suarez du premier roman, Je vis, je meurs signe l’entrée dans la cour des grands de Philippe Hauret. Un auteur dont j’ai décidé de présenter toute l’œuvre, tant sa lecture m’a marqué. Et autant vous dire que celui-là ne fait pas exception : rythme, suspens, retournements de situation, fausses pistes, tout y est !

L’alcool nuit définitivement à la santé, et ne parlons pas des sentiments…..

Avec Je vis, je meurs nous faisons connaissance du sombre et charismatique Lieutenant de Police Franck Mattis (que nous retrouverons dans les autres romans de l’auteur), en pleine enquête afin de remonter une filière de produits stupéfiants. Mattis est un homme brisé, blasé, souvent borderline, mais efficace et persévérant.

Plus loin, Serge, soixantenaire mène une vie rythmée par ses sorties au bar des habitués du quartier. Les jours se suivent et se ressemblent pour lui jusqu’à ce que ses yeux se posent sur la jolie serveuse Janis, qui malheureusement fréquente José une petite frappe sans charisme mais bercé trop près du mur par ses parents lorsqu’il était enfant, ce qui a engendré chez lui un penchant prononcé pour la violence, et qui donne dans le deal.

Le destin de Mattis et de José vont faire plus que se croiser à cause de la jolie Janis qui rêve d’un avenir meilleur, et de son « sauveur » Serge, qui s’est mis en tête de délivrer la princesse des griffes de son dragon dealer. 

Les cadavres vont s’accumuler, Mattis se voit se mettre la pression par sa hiérarchie pour obtenir des résultats et le lecteur n’a de choix que de suivre les traces de sang.

Une fois encore, exit le happy end !

Maintenant c’est clair, aux premières pages on reconnaît immédiatement la patte de l’artiste. On dévore les chapitres en se laissant surprendre à chaque retournement de situations absolument imprévisibles, mais jamais décevantes. On ne peut pas se laisser porter, on est bousculé du début à la fin ! 

Comme à chaque fois, le rythme ralentit, puis BAM ! Une nouvelle problématique en plus dans le sac de noeuds, et le personnage de Serge s’enlise, on le voit, et on prie pour une fin salvatrice mais non…. 

Une remarque tout à fait personnelle me vient à l’esprit : après avoir lu les autres romans de l’auteur, Mattis est la pièce centrale de l’histoire, or, là, j’ai eu le sentiment pendant tout le roman qu’il se fait « voler la vedette » par ce soixantenaire tout à fait ordinaire qui sort du rang et sème la tempête malgré lui. Surprenant mais pas gênant puisqu’il s’agit de son premier roman, je constate donc sans en dévoiler plus que Mattis prendra sa place au fur et à mesure des ses enquêtes, et l’on en découvrira plus sur son passé et sur ce qu’il a fait de lui ce qu’il est.

Je m’interroge malgré tout : aurait-il fallu que Serge reste les fesses vissées sur sa chaise dans ce bar sans rien faire et continuer à mener sa misérable existence sans surprise, ou a t-il eu raison d’agir sans réfléchir et se lancer à corps perdu dans cette histoire qui a fait vibrer son coeur fripé, quitte à tout perdre ? A fin du roman, je n’ai pas su répondre à cette question, et je ne sais toujours pas. Et vous, qu’auriez-vous fait ?

Minarii le Fichant

Philippe Hauret, Je vis, je meurs, Jigal, septembre 2017, 224 pages, 9 eur


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