Skin Trade, le loup-garou selon George R. R. Martin

Un auteur protéiforme

On en finit pas de découvrir des récits de ce cher George R.R. Martin ! il faut dire qu’avant de devenir l’auteur du Trône de fer, Martin s’est fait connaître comme nouvelliste (et plutôt talentueux), comme le montrent les recueils Chanson pour Lya (J’ai, 1982) et Des astres et des ombres (J’ai lu, 1983). Il a aussi été un scénariste de télé assez demandé dans les années 80, sur La Cinquième dimension et La Belle et la bête notamment. Les éditions ActuSF ont produit en fin d’année dernière une belle réédition d’une de ses novellas, Skin Trade, qui a obtenu le prix World Fantasy du roman court : à raison ? On va vite le voir.  

A la recherche d’un… loup-garou  

Willie, dit Randi Wade d’un ton suspicieux, je te préviens : si toute cette histoire n’est qu’une combine délirante pour me mettre dans ton lit, ça ne marchera pas. Le petit homme étudia son reflet dans le vieux miroir ovale au-dessus du canapé, essaya plusieurs expressions jusqu’à trouver un air blessé qui sembla le satisfaire, puis se retourna pour l’en gratifier.

Voici donc Willie Flambeaux qui cherche depuis des années à coucher avec Randi, sans succès. Randi est détective privée, Willie l’engage pour enquêter sur le meurtre de Joanie, une jeune fille pour qu’il avait de l’affection. Willie fait un sale boulot : recouvrir les dettes de personnes qui ne paient pas. Randi enquête. Plus elle avance, plus ça la ramène vers l’assassinat de son père, un policier respecté, vingt ans avant. Horreur supplémentaire : les victimes ont la peau arrachée. Et puis il y a ces rumeurs de monstres assoiffés de sang qui errent dans les rues de la grande ville. Randi continue son enquête. Sans se douter de la vraie nature de son client et du meurtrier…

Une novella très bien fichue

Avec Skin Trade, on sent le métier d’écrivain de Martin (on se demande bien pourquoi il était resté inédit depuis vingt ans). Voici une histoire qui mêle adroitement polar (des flics, des détectives privés, une ville corrompue) et fantastique (avec des loups garous partout), courte mais hyper efficace (pas la peine de rédiger 500 pages, croyez-moi, pour sortir une bonne histoire).

Recommandé aux amateurs de mélange des genres, Skin Trade est donc  une réussite avérée, avec un petit parfum de comics. Foncez !

Sylvain Bonnet

George R.R. Martin, Skin Trade, traduit de l’anglais par Annaïg Houesnard, préface d’Emmanuel Chastellière, Actusf, « Perle d’épice », décembre 2019, 248 pages, 20 eur

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