Les aérostats, Amélie et l’amour des livres ?

Ange est étudiante en philologie à Bruxelles. Elle vit en collocation avec Donate, insupportable dans son rôle de mère putative. Et elle donne des cours à Pie, de trois ans son cadet, fils unique dans une famille malade. Elle est engagée pour guérir sa dyslexie, mais ce n’est pas l’intérêt de sa présence auprès de lui. Amélie Nothomb revient, avec Les Aérostats, à son style premier, et propose un petit conte sur la littérature.

Apprendre et enseigner

Malgré le peu d’années qui séparent Ange et Pie, ils semblent être vraiment très loin l’un de l’autre. Elle est éprise de littérature, lui n’a jamais lu un seul livre. Elle vient de la campagne, lui des Îles Caïmans (et papa est cambiste, attention clichés sur la finance qui fait de méchantes personnes…). Leur rencontre est l’occasion pour les deux personnages de se confronter l’un à l’autre, car chacun est essentiellement solitaire. Leur solitude est un mal-être, une contrainte, car si Pie est enfermé par la surveillance paternelle, et par l’absence de la mère, Ange est rejetée par ses condisciples. Seul un professeur semble s’intéresser à elle.

Les cours deviennent vite des conversations, dont les sujets sont des livres. Ange fait lire Stendhal, Homère, Kafka, Radiguet, et celui qui ne pouvait pas lire une phrase avale tout d’une traite et en moins d’une journée (ah, magie du roman !). A chaque fois, c’est l’occasion d’une discussion sur le pouvoir des livres, de la littérature, l’importance de tel héros, où les deux personnages vont finir par se rejoindre. Ange sera-t-elle la muse de Pie, son mentor ou sa partenaire ? Et Ange trouvera-t-elle le sien ? Car elle évolue dans une entre-monde, savoir et apprendre

« [Aimer un livre, ça a à voir] avec le plaisir que l’on éprouve à le lire. »

Du Nothomb première manière

Amélie Nothomb semble revenir dans Les Aérostats à sa première manière. Un texte court, essentiellement dialogué, et qui fonctionne assez bien, malgré les propos tenus étonnent dans la bouche des personnages. C’est un conte, sur l’adolescence et la littérature, une manière de nostalgie des premières émotions littéraires. Le symbole de l’envol hors de portée des causes des troubles est assez évident, voire artificiel, comme un peu tout dans ce texte très court et linéaire. Moins ambitieux, c’est l’occasion pour Amélie Nothomb de présenter quelques auteurs qu’elle aime, et de montrer que la littérature permet de s’élever. Si la ficelle est grossière, et éculée, Les Aérostats est un petit divertissement auquel on peut sacrifier l’heure de lecture sans trop le regretter. Et c’est déjà bien !

Loïc Di Stefano

Amélie Nothomb, Les Aérostats, Albin Michel, août 2019, 175 pages, 17,90 eur

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