« Hellina », le corps et le fouet

Couverture du comics Hellina tome 1Hellina, c’est un peu Image Comics, le sexe en plus. Attention, à ne pas mettre entre toutes les mains, car sous ses dehors de comics classique, cet album contient des illustrations pornographiques.

 

Enfant, Sandra Lord est victime des abus sexuels de son père. Son enfer dure plusieurs années jusqu’à ce qu’elle finisse par assassiner son bourreau. Quelques années plus tard, elle tue un prêtre qui essaie à son tour d’abuser d’elle. Son troisième crime, elle le commet sur un apprenti sataniste, qui prévoyait de sacrifier la jeune femme pour invoquer un démon. La jeune femme passe un pacte avec la créature pour obtenir des pouvoirs surnaturels. En échange de ses dons, elle doit affronter à coups de fouet les démons de l’Enfer qui tentent de pénétrer sur Terre…

 

 

Hellina, un parcours atypique

Hellina est un des innombrables personnages féminin apparu au milieu des années 90. À cette époque, Image Comics hyper-sexualise ses héroïnes. Même Marvel et DC Comics surfent plus ou moins discrètement sur la vague. Tous les éditeurs se doivent presque d’avoir leur bad girl (dont par exemple Pandora, qui fait ici une apparition en guest star). Du coup, les jeunes femmes redoutablement sexy pullulent dans les rayonnages américains. Pour en revenir à Hellina, évidemment, la mode finit par passer, au début des années 2000. Quelques années plus tard, c’est l’éditeur Avatar Press qui récupère la licence moribonde. Et là, ce n’est plus tout à fait la même histoire. Ce nouvel éditeur pousse les curseurs plus loin : plus de sexe et plus de gore. Il transforme Hellina en un comics pornographique. Mais on décide de garder la trame principale de l’histoire et les origines du personnage. Graphiquement, Rafa Lopez et Di Amorim reproduisent clairement le style des années 90 (avec pour modèles Al Rio, Ed Benes et Joe Madureira) tandis que la proposition de Gabriel Andrade (Crossed) est un peu plus recherchée, mais trop inégale.

 

Extrait du comics Hellina tome 1
crédit : Gabriel Andrade (Avatar Press)

 

Top Cow en mode hard

Hellina se présente donc sous la forme d’un mélange entre Buffy contre les vampires et Spawn dans lequel on aurait inséré des scènes hard. Il y a presque une mécanique assez typique des films X, soit grosso modo une scène de sexe entre deux combats. Car au cours des deux aventures de l’album, Hellina affronte un bestiaire assez large, des démons cornus de l’Enfer aux anges ailés du Paradis, bestiaire stéréotypé typiquement américain qui rappellera aux vieux routards les productions Top Cow des années 90 (Witchblade ou The Darkness). D’où, pour nous lecteurs français de comics, un décalage curieux, l’impression de lire quelque chose de connu, mais avec le sexe en plus. Une curiosité.

 

Extrait du comics Hellina tome 1
crédit : Di Amorim (Avatar Press)

 

Une édition de qualité

Tabou, l’éditeur français, soigne ses lecteurs avec une présentation luxueuse (couverture rigide et papier épais et glacé). À la fin de l’ouvrage, on retrouve toutes les innombrables couvertures alternatives des épisodes américains. Un choix judicieux : certaines illustrations sont particulièrement hard, et d’autres superbes, notamment celles de Juan Jose Ryp.

 

Extrait du comics Hellina tome 1
crédit : Di Amorim (Avatar Press)

 

Stéphane Le Troëdec

 

William A. Christensen, Mark Seifert, Doug Miers (scénariste), Rafa Lopez, Di Amorim, Gabriel Andrade (dessinateur), Hellina, tome 1, traduit de l’anglais par La Comtesse, Tabou, novembre 2017, 240 pages, 19,00 euros

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