Black Hammer, hommage à la culture comics

Couverture de Black Hammer tome 1Avec Black Hammer tome 1, Jeff Lemire et Dean Ormston rendent hommage à la culture comics avec une histoire mélancolique et passionnante. Un des tout meilleurs comics de cette année !

 

Star City. Une métropole comme on en trouve tant dans les comics. La ville est protégée des vilains par un groupe de super-héros. Jusqu’au jour où Abraham Slam, Golden Gail, le Colonel Weird, Madame Dragonfly, le robot Talky Walky et l’extra-terrestre Barbalien affrontent un demi-dieu. Ils parviennent à vaincre le monstre, mais à quel prix ? Les voici téléportés dans une autre dimension semblable à la nôtre. À ceci près qu’ils sont en pleine campagne, et leurs déplacements sont limités à quelques kilomètres autour d’une ferme. Ils ont cherché, mais n’ont jamais trouvé une solution pour rentrer à Star City.

 

Alors les héros ont fait contre mauvaise fortune, bon cœur. Ils se sont adaptés. Abraham cultive les champs et a une relation avec une commerçante du village. Golden Gail, elle, est coincée dans le corps d’une enfant et vit très mal sa crise de la cinquantaine. Le Colonel Weird a perdu l’esprit. Madame Dragonfly s’est réfugiée dans une cabane et ne parle plus aux autres. Barbalien s’initie à la foi et se découvre une sexualité. Talky Walky, le robot, reste cloîtré à la ferme pour en pas éveiller les soupçons. Mais il n’a pas perdu tout espoir. Talky Walky se prépare à lancer une sonde à travers l’espace-temps, pour essayer de prendre contact avec les survivants de Star City.

 

Extrait de Black Hammer tome 1
crédit : Dean Ormston (Dark Horse)

 

Deux Jeff Lemire très différents

Il y a donc 2 Jeff Lemire. Un Jeff Lemire sur du mainstream globalement inintéressant : ses travaux sur les Extraordinary X-Men, Future Ends ou la Justice League Dark sont, à mon avis, au mieux médiocre. Et puis il y existe un Jeff Lemire passionnant. Essex County, Sweet Tooth, Descender : autant de réussites, auquel il convient d’ajouter ce Black Hammer. Mieux : c’est sa plus belle réussite, car sa plus formidable déclaration d’amour aux comics.

 

 

Super-héros à la ferme

En surface, Black Hammer raconte le destin de super-héros coincés dans une vie qui ne leur convient à aucun. L’idée a déjà été utilisée par le passé dans d’autres comics, mais Jeff Lemire sait y ajouter sa petite touche d’originalité. Imaginez un instant Batman et Superman en fermiers, Wonder Woman coincée dans le corps d’une gamine, ou le Limier martien découvrant la foi avec le pasteur du coin. C’est le mélange de super-héroïsme à redécouvrir (parce que perdu) et de mélancolie qui fait le charme de ce Black Hammer. Quant aux dessins de Dean Ormston, ils sont parfaits : ils ont ce côté à la fois indé tout en sachant tendre précisément quand il le faut vers le mainstream.

 

Extrait de Black Hammer tome 1
crédit : Dean Ormston (Dark Horse)

 

Un hommage appuyé aux comics

Mais Jeff Lemire glisse dans son intrigue une véritable déclaration d’amour au média comics. Car, Black Hammer, c’est aussi l’occasion de revisiter de nombreux genres. On y trouve du super-héroïsme pur (à la Captain America ou à la Batman) ou du horror comics (l’occasion d’un épisode incroyable qui pastiche les productions à la EC Comics). Et beaucoup, beaucoup d’autres styles. Mieux : on sent bien qu’avec ce premier tome, Lemire est loin, très loin, d’avoir grillé toutes ses cartouches. Il y a la place pour développer tout un univers, spin-offs à la clé. Gageons que Dark Horse, l’éditeur américain, ne s’en privera pas. Et nous aurions tort de nous plaindre : Black Hammer est un des meilleurs comics de ces dernières années.

 

Stéphane Le Troëdec

 

Jeff Lemire (scénariste), Dean Ormston (dessinateur), Black Hammer, tome 1 – Origines secrètes, traduit de l’anglais par Julien Di Giacomo, Urban Comics, « Urban Indies », octobre 2017, 200 pages, 10,00 euros (prix de lancement)

 

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