Beatlestones, le combat des géants
Un vieux débat
Voici un ouvrage écrit par deux passionnés qui a traversé la seconde moitié du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui : des Stones ou des Beatles, qui furent les meilleurs ? Cette question a provoqué pas mal de bagarres dans les cours d’écoles, de collèges et de lycées et même dans les bars. Aujourd’hui que l’agitation est retombée et que les jeunes n’écoutent plus, dans leur majorité, de rock, penchons-nous donc sur ce débat avec Yves Delmas et Charles Gancel, auteurs de Beatlestones.
Et un résultat couru d’avance
Soyons honnêtes : l’auteur de ces lignes est un fanatique des Beatles. Et pour lui le débat est clos, forclos : les petits gars de Liverpool sont les meilleurs. Non seulement ils ont été les premiers mais ont su passer en quatre années de She loves you à A day in the life : une progression fulgurante qui classe le duo Lennon/MCartney très haut dans l’échelle des compositeurs de musique. Le camp d’en face est doué bien sûr mais il vient après ses aînés qu’il copie parfois (rien de grave, les Beatles ont aussi copié à leurs début) et il leur manquera toujours un petit plus d’universel.
A contrario, écouter les Beatles faire du Blues est une épreuve alors que les Stones ont le « mojo », à l’instar de leurs héros Muddy Waters ou Howlin’ Wolf. Comparer les deux groupes au niveau de l’attitude (les « méchants » Stones contre les « gentils » Beatles, merci les pubards) ne mène pas à grand choses car ils n’ont pas grand-chose à s’envier là-dessus, y compris pour leur attitude envers les femmes, qui se ruaient sur eux dans l’espoir… de coucher avec eux.
Réconcilions-nous
Au fond, la lecture de cet essai doit amener les fans des deux camps à se parler (beaucoup le font déjà). Nous autres fans de rock ne sommes plus majoritaires et les combats de coqs à cheveux blancs ne sont pas très intéressants. De plus, on peut aimer les deux groupes. Keith Richards est une formidable machine à riffs, de Satisfaction à Start me up, en passant par l’inénarrable Gimme Shelter que Scorsese a placé dans la plupart de ses films (un vrai DJ celui-là). Et ils font toujours rêver des foules, incluant des rappeurs qui les samplent en cachette pour ne pas payer de droits… Beatlestones, après avoir rappelé le génie des Beatles, est un appel à l’évidence : les Stones aident aussi à vivre.
Je vous laisse, je vais faire découvrir à mon neveu Jumpin’ Jack Flash…
Sylvain Bonnet
Yves Delmas & Charles Gancel, Beatlestones, le mot et le reste, mars 2020, 264 pages, 20 eur