La fille dans la tour, démons et merveilles
UUne découverte
On a découvert Katherine Arden cet hiver avec L’Ours et le Rossignol, roman de fantasy se passant dans la Russie médiévale. On y découvrait Vassia, jeune fille noble qui a perdu sa mère et qui possède des aptitudes à la magie, dont celle de percevoir toutes les créatures issues de la religion païenne des russes avant leur conversion au christianisme. Protégé par Morozko, le démon du gel, Vassia a fini par triompher de son ennemi l’ours qui avait manipulé le prêtre Constantin, en charge de son village. Car le prêtre était amoureux d’elle au point de la haïr… Arden avait réussi à nous distraire et à nous enchanter avec ce roman riche en références maîtrisées au folklore russe. Qu’en est-il de la suite, La Fille dans la tour ?
Bandits, démons et sorciers
A Moscou, le grand prince Dimitri Ivanovitch a fort à faire avec ses boyards quand lui arrive des campagnes la rumeur d’exactions commises par des bandits non identifiés. Aidés par son meilleur ami, le prêtre Sacha, le grand prince part dans une expédition punitive contre ces bandits. Mais ils ne découvrent que désolation et cadavres. Mais voici qu’un cavalier surgit, des jeunes filles accrochées à son cheval, dans le campement du grand prince. Et ce n’est pas n’importe quel intrus : Sacha reconnait sa sœur.
Le cavalier le dévisageait, bouche bée. Puis le visage du nouveau venu — de la nouvelle venue — s’illumina. “Sacha !” s’exclama-t-elle.
Dans le même temps, Sacha demanda : “Par Christ, Vassia, mais que fais-tu là” ? »
On découvre progressivement que Vassia, secouée par la mort de son père, a voulu secouer l’emprise du démon du gel (est-il amoureux ?). Elle a erré en compagnie de son cheval pas si ordinaire, Soloveï. Elle a découvert que des guerriers Tatars, normalement aux ordres de la horde d’or, ravagent les campagnes russes. Elle est loin de se douter que la magie, encore une fois, manipule tous ces gens, au profit d’ennemis des Russes et de Morozko…
Des promesses confirmées
L’Ours et le Rossignol avait intrigué l’auteur de ces lignes. Le talent de Katherine Arden se confirme avec ce second roman, très bien construit et plein de charmes. Sans compter aussi la part de rêve inhérente au genre. Un mot au passage sur le personnage de Vassia : adolescente mal dégrossie, un peu garçonne, elle a tout pour plaire au public des jeunes d’aujourd’hui. Et puis il y a ce folklore russe, encore exotique, qui a tout pour séduire. La Fille dans la tour confirme donc les espoirs placés dans Katherine Arden, auteur à suivre.
Sylvain Bonnet
Katherine Arden, La Fille dans la tour, traduit de l’anglais par Jacques Collin, Denoël, « Lunes d’encre », août 2019, pages, 22,90 eur