Hillbilly, tome 2 : sombres fables chez les péquenauds

Avec ce tome 2 d’Hillbilly, Eric Powell construit une dark fantasy riche et originale en utilisant le folklore local et en insistant sur la notion de fables. 

 

 

Le vagabond aveugle Rondel traîne sa lourde carcasse et son énorme hachoir (soit-disant dérobé au Diable lui-même) dans une région des Appalaches qu’on dirait sortie d’un livre de fables. Au fil de ses rencontres, Rondel affronte des créatures du folklore local et résout au passage quelques problèmes de villageois souvent méfiants. Car en plus d’être un guerrier, Rondel est plus clairvoyant que bon nombre de ses congénères…

 

 

Le folklore des Appalaches

Qu’on ne s’y trompe pas : avec Hillbilly, Eric Powell crée un univers particulièrement original et rafraîchissant. Du genre qui redonne envie de s’intéresser à l’heroic fantasy, genre particulièrement stéréotypé et boursouflé de codes. Le secret d’Eric Powell, c’est de se pencher sur un espace géographique précis, les Appalaches du 19ème siècle, et de l’étreindre pour en tirer les meilleurs contes. La preuve en est avec la 1ère bestiole rencontré par Rondel dans cet album. Le « tailypo », espèce de gobelin à longue queue, sort ainsi d’un conte folklorique. L’univers d’Hillbilly est un monde rural, où les villages disséminés dans la forêt et la montagne sont comme les ultimes havres de paix et d’humanité. La forêt est un espace dangereux et mystérieux, où rôdent de mystérieux indiens, des sorcières, des hommes-cochons, des serpents géants voire pire.

 

 

Le plaisir de découvrir le héros petit à petit

À première vue, Hillbilly se présent comme une succession de petites fables indépendantes. Pourtant à bien y regarder, Eric Powell poursuit le travail qu’il avait effleuré dans le 1er tome, à savoir construire une fresque. Par petites touches, il sculpte son héros merveilleux, Rondel, ombre errante qui rend sa justice là où il passe. Plus tout à fait humain, pas vraiment créature surnaturelle, il est entre ces deux mondes. Ainsi, dans ce tome 2, on en découvre un peu plus sur le personnage. Dans quelles circonstances il a rencontré sa meilleure amie, l’ourse Lucille ? Quels sont les pouvoirs de son fameux hachoir ? Un des plaisirs de cette série, c’est de découvrir quelques petits secrets au détour d’une aventure à priori anodine.

 

 

Des dessins réussis, malgré une 3D malheureuse

L’autre plaisir de Hillbilly, ce sont évidemment les dessins d’Eric Powell. Dans ce tome 2, le dessinateur s’amuse a expérimenter. On passe ainsi de scènes encrées et fignolées à d’autres planches où Powell livre un travail plus brut, presque crayonné, qui correspond bien à l’ambiance d’Hillbilly. Chez Powell, j’aime beaucoup que le résultat final laisse encore transparaître les coups de crayons gris. Il y a ici un seul bémol à mon sens : les treize pages avec un effet spécial type relief sont franchement accessoires (surtout qu’il vous faudra trouver des lunettes 3D pour en profiter pleinement). C’est le seul écueil de ce tome 2, qui confirme toutes les qualités du premier.

 

Stéphane Le Troëdec

 

Eric Powell (scénario et dessin), Hillbilly, tome 2, traduit de l’anglais par Nick Meylaender, Delcourt, « Contrebande », juillet 2018, 96 pages, 15,95 euros

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