Le Calligraphe, voyage au bout de la folie
Un auteur japonais
En France on ne connait pas le japonais Hisaki Matsuura, professeur de littérature française à l’université de Tokyo. Il a pourtant commencé à publier romans et nouvelles dès 1996. Le Calligraphe, sorti en 2001, est son premier roman à être traduit en français. On va voir très vite qu’on peut le qualifier de véritable OVNI.
Une proposition alléchante
On parle parfois de « l’heure des esprits malfaisants » pour désigner le moment du crépuscule où le ciel s’assombrit, mais ce n’est pas forcément dans une lande déserte qu’on les rencontre, on peut très bien, au cœur de Tôkyô, dans une ruelle mal éclairée par exemple, quand la nuit tombe et que les contours commencent à s’estomper, être soudain tenté de croire à leur existence.
Otsuki est un raté, un parasite qui vit aux crochets de femmes qu’il séduit et qui l’entretiennent. Ancien toxicomane, il laisse sa vie dériver, au grand désespoir d’Hiroko, sa maîtresse la plus régulière. Il rencontre un jour un ancien collègue, Sugimoto, qui l’emmène chez un certain Kôyama. Ce dernier, maître calligraphe, a besoin de lui. Le vieux maître a commencé à tourner un film pornographique autour de sa petite fille, Tomoé et il souhaite qu’Otsuki le termine.
Mais l’entretien se termine mal et Otsuki est frappé par Takabatake, une brute qui est l’amant de Tomoé dans le film. Otsuki rentre chez lui avec une côte cassée, se remet et finit par accepter l’offre de Kôyama, au grand dam d’Hiroko qui le croit amoureux de Tomoé. C’est le début d’un voyage qui mènera Otsuki au bord de la folie.
Entre polar et fantastique
On dit ici et là que l’atmosphère du Calligraphe est proche de celle des romans de Murakami. On ressort en tout cas secoué par la lecture de ce livre où réalité et cauchemar s’entremêlent, où les personnages se révèlent en fait avoir une autre identité. Et la femme apparaît ici à la fois belle et monstrueuse… On devine aussi que l’écriture de ce roman dut être une sorte de voyage pour l’auteur.
Le Calligraphe est fort recommandé aux amateurs de sensations fortes.
Sylvain Bonnet
Hisaki Matsuura, Le Calligraphe, traduit du japonais par Silvain Chupin, rivages, octobre 2020, 300 pages, 21 eur