Serial Tattoo, Sylvie Allouche et la nuit proxénète

Personnage récurrent de Sylvie Allouche, c’est avec plaisir que les lecteurs de Stabat Murder et de Snap Killer retrouvent Clara Di Lazio. Au fil des enquête, on s’attache à cette femme fragile et Cette fois-ci, le commissaire et son équipe font devoir se plonger dans le pire de la nuit et sauver une jeune femme d’un dangereux réseau de proxénétisme.

la belle nigérianne

Shaïna aime sa famille, sa mère et ses sœurs, seules rescapées d’un massacre au Niger. Leur arrivée en France a été plus que mouvementée. Et depuis trois ans elles survivent dans un minuscule appartement, la mère de démenant pour tenter de survivre. N’y tenant plus, Shaïna accepte l’impensable : elle va se vendre. Sa mère découvre un sac rempli de billets, pour 30 000 eur, et un mot cachant le sacrifice mais touchant d’amour. Aussitôt, elle se rue au commissariat pour implorer de l’aide, et c’est Clara Di Lazio qui va s’émouvoir de son histoire. Et flairer sous le cas individuel le sort de trop nombreuses jeunes filles.

Cette affaire a toutes les caractéristiques d’un réseau de proxénétisme. L’équipe de Clara Di Lazio se met en place et le lecteur s’enfonce avec elle dans le sordide des rues mal éclairées où les camionnettes font la navette entre le sous-sol planqué et les abords du Bois de Vincennes, où la chair se vend. Les Mamas veillent sur leurs filles, et le mac n’est jamais loin, qui rafle toute la mise. C’est l’histoire d’un réseau nigérian qui commence au pays et forme une boucle sans fins de filles arrachées à leurs vie pour servir de gagne-pain, comme de la viande, au pire de l’humanité.

Et si c’était bien pire encore ?

30 000 eur, c’est beaucoup pour une fille. Trop, même, pour une prostituée, qui peut être gratuite avec de la violence et des menaces sur la famille… Pourquoi a-t-elle été achetée ? Et par qui ? Combien vaut la vie d’une jeune fille quand on veut en faire… tout ce qui nous passe par la tête ?

A côté de cette histoire, le lecteur rencontre une famille russe, le père et la fille brouillés depuis des années mais Michka, le sbire de l’un, qui fait des avances à l’autre. Anya, artiste, qui s’est formée au tatouage chez les meilleurs maîtres japonais. Et c’est cet homme de main qui va être au centre d’un projet que l’on découvre petit à petit, où il sera question d’un tatouage extraordinaire, d’une soirée particulières, de six participants et de clients pour le moins sans limites…

Serial Tattoo est un thriller qui ne laisse pas indifférent et montre tout le talent de Sylvie Allouche. Elle fait vivre ses personnages et le Mal même avec beaucoup de force. Et elle fait rapidement oublier qu’il s’agit d’un roman « jeunesse ». Le rythme et la teneur même de l’enquête laissent hors d’haleine. C’est finalement dans les détails, moins de descriptions et plus de suggestions, que tout se joue. Ce n’est pas moins efficace !

Loïc Di Stefano

Sylvie Allouche, Serial Tattoo, Syros, août 2020, 362 pages, 16,95 eur

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