Swag d’Elmore Leonard, la classe des braqueurs

Un écrivain et un auteur à succès

Au départ auteur et scénariste de westerns (Joe Kidd de Sturges avec Eastwood, c’est lui), Elmore Leonard s’est ensuite tourné vers le roman noir car il s’est rendu compte que ça lui réussissait bien. Fin dialoguiste, Leonard est connu d’un large public comme l’auteur de Punch Creole, adapté par Quentin Tarantino sous le titre de Jackie Brown (son seul bon film), de Get Shorty, adapté par Barry Sonnenfeld, ou encore d’Hors d’atteinte (un des meilleurs films de Steven Soderbergh). Le cinéma a donc fait beaucoup pour qu’il soit reconnu jusqu’à sa mort en 2013. Swag est en fait une nouvelle traduction d’un roman paru à la série noire en 1976 sous le titre Plus gros que le ventre (et lorsqu’on connaît la façon dont certains romans américains ont été saccagés par certains traducteurs de l’époque, ça n’est pas un mal…).  

La belle vie par le crime  

Franck Ryan vend des voitures d’occasion à Detroit. Il a un passé de petit cambrioleur mais s’est rangé, faute de mieux. Un jour, il se fait voler une de ses voitures par un certain Stick. Ce dernier se fait chopper par la police, passe en jugement et… Franck avoue ne pas le reconnaître.

Libre, Stick accepte de boire un verre avec Franck. Ce dernier a été bluffé par le sang-froid de Stick et lui propose un marché : devenir son partenaire dans le crime. Il accepte, même s’il tique un peu, en bon sudiste, lorsqu’il s’aperçoit que beaucoup des contacts de Franck sont noirs. Ils effectuent leur premier braquage en dévalisant un magasin. Tout se passe bien, très bien :

— Alors tu trouves que ça vaut le coup de prendre tous ces risques ?

— Quels risques ?

— C’est ce que je pense moi aussi, répondit Franck. Si tous les coups sont aussi faciles que celui-ci, on a trouvé notre vocation. »

Et c’est la belle vie qui commence. Ils emménagent dans une résidence assez classe, habitée par des femmes jeunes et jolies avec qui ils organisent des brunchs et des cocktails. Et tout se passe dans le monde du vol. Ça ne durera qu’un temps.  

Le retour des années 70, Leonard est un dieu

Swag est une butte témoin d’une époque révolue — Detroit, les Gran Torino, les Chevrolet et les Camaro, la musique — qui rend nostalgique. L’intrigue met en scène deux petits truands qui vont à un moment connaître une belle vie à l’américaine grâce au braquage. À partir de cette histoire archi-éculée, Leonard s’impose bien sûr par son sens du dialogue et l’à-propos, qui renforcent l’ambiance et aussi par son humour. Il s’agit d’un humour tranquille, celui de types à qui on ne la fait pas. Leonard est moins désespéré qu’un Jim Thompson mais est pourtant aussi acerbe que lui. À la fin, les deux truands perdent tout, argent et belles filles. Le crime ne paie pas mais permet juste de passer un bon moment.

Ça tombe bien, Swag permet aussi de passer un bon moment, comme beaucoup de romans d’Elmore Leonard et comme l’écrit bien Laurent Chalumeau dans sa préface. Foncez !  

Sylvain Bonnet

Elmore Leonard, Swag, traduit de l’anglais par Elie Robert-Nicoud, préface de Laurent Chalumeau, Rivages/Noir, novembre 2020, 360 pages, 18 eur

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