Hollywood s’en va en guerre, le polar en majesté
On a connu Olivier Barde-Cabuçon avec Le cercle des rêveurs éveillés (Gallimard, 2021), roman policier se passant dans les années vingt en France en partie dans le milieu des russes blancs. Avec Hollywood s’en va en guerre, il part explorer la cité du cinéma et les débuts de l’engagement contre la menace nazie. Avec succès ? On va voir que oui.
Comme dans un film noir
« J’aime Los Angeles, la Cité des anges. Le taux de criminalité y est en constante augmentation, signe de la prospérité croissante de la ville. Celle-ci a su vendre la pureté de son air, la meilleure eau du pays et des sols fertiles. Oubliés le krach de 1929 et la Grande Dépression, désormais les puits de pétrole pompent autant que faire se peut, les boîtes de nuit ruissellent de lumières et les fabriques à images tournent à plein. »
Lindqvist, producteur sur le retour, réussit à monter un film clairement dirigé contre les nazis avec Errol Flynn dans le premier rôle masculin et la star Lala Lass, une actrice blonde qui a pris la relève de Jean Harlow. Mais Lala souffre du chantage : elle engage une détective privée, Vicky Mallone, pour découvrir qui la fait chanter pour une histoire de photos coquines avec une de ses employés. Vicky, lesbienne plutôt délurée, mène son enquête. Elle comprend vite que tout cela repose sur du vent, il n’y a aucun chantage. Par contre, beaucoup à Hollywood sont contre ce film et parmi eux des membres du mouvement pronazi America First de Charles Lindbergh. Vicky est au début manipulée par un agent fédéral, Arkel, avant que ce dernier ne se prenne de sympathie pour elle. Et puis il y a Flynn lui-même : il veut coucher avec elle, lui vole des baisers… et se révèle surtout un allié et une source de premier ordre sur un film qui, au final, ne se fera pas…
Un grand hommage au passé
On ne peut qu’aimer Hollywood s’en va en guerre et ses femmes fatales, fêlées, ses nazis en goguette, ses puritains malades du sexe… En choisissant une femme détective privée et la narration à la première personne, notre auteur rend hommage à Chandler avec une petite touche moderne, qui sonne juste au fond. Et puis il y a Errol Flynn, charmeur, suave, drôle, avec aussi une certaine distance par rapport au monde et à la vie. Olivier Barde-Cabuçon lui rend un hommage qui plaira à ceux pour qui il sera toujours le seul vrai Robin des bois (rôle dont il se plaint dans le livre). Ce roman est une complète réussite.
Sylvain Bonnet
Olivier Barde-Cabuçon, Hollywood s’en va en guerre, Gallimard « Série noire », mars 2023, 416 pages, 21 euros