La politique en Espagne, une réussite démocratique?

Professeur émérite en science politique de l’université de Montpellier, Hubert Peres s’intéresse avec La politique en Espagne à la vie politique de notre voisin ibérique, en faisant appel à l’histoire, parfois très mouvementée de ce pays passé à la démocratie seulement après la mort de Franco en 1975.

L’importance de la Transition

Avec clarté, Hubert Peres montre à quel point le pays est héritier de la période dite de la “Transition” pendant laquelle les élites issues du franquisme dirigée par le roi Juan Carlos et le premier ministre Adolfo Suarez sont arrivées à un compromis avec les partis d’opposition, incluant les communistes, qui a amené à l’avènement d’une démocratie pluraliste. Ce n’était pas rien pour un pays resté à l’écart des bouleversements du XIXe siècle et marqué par ce qu’on a appelé le « national-catholicisme ». Ce compromis a aussi permis la création d’un véritable « mécano » institutionnel régissant les relations entre l’Etat central et ce qu’on appelle les « autonomies », marquées en particulier par les nationalismes basques et catalans. Cette Espagne démocratique a fait le choix de l’intégration européenne en 1986 (et aussi de l’OTAN) et la croissance économique qui en a découlé a permis au pays de finir de rattraper son retard sur l’Europe du Nord.

Un pays en crise ?

Après la crise financière de 2008, les choses changent. Le modèle de développement économique, fondé sur l’immobilier et le tourisme, ne fonctionne plus. La crise des dettes souveraines amène Madrid a conduire des politiques d’austérité qui suscitent une forte contestation sociale. Surtout le duopole Parti Socialiste / Parti Populaire qui gouverne alternativement depuis 1981 se grippe avec l’arrivée de nouveaux partis comme Podemos, Ciudadanos et récemment Vox. Le système politique espagnol s’adapte et rappelle les électeurs aux urnes en cas de blocage, permettant au socialiste Pedro Sanchez de prendre la tête du pays. Plus grave est la crise catalane de 2017 suscitée par l’indépendantisme d’une partie de la population, cas non prévu par le système politique de la “Transition”. Le fractionnement politique n’a pas pris fin si on regarde le résultat des dernières élections.

Synthèse réussie.

Sylvain Bonnet

Hubert Peres, La politique en Espagne, La Découverte collection « repères », novembre 2023, 128 pages, 11 euros

Laisser un commentaire