L’infiltrée, une héroïne pour notre temps

Après La fille du Ninja (Les Arènes, 2022), Tori Elridge réutilise le personnage de Lily Wong dans L’infiltrée : pour quel résultat ?

La justicière

« Les filles attendaient au bord du trottoir. Je mis la main sur le carillon de façon à ouvrir la porte aussi silencieusement que possible. Chez Paco, elles étaient attablées de biais par rapport à moi. Je doutais que l’une d’elles ait noté ma présence, et j’entendais bien conserver cet avantage. »

Lily parcourt les bas-fonds de Los Angeles à la recherche d’une jeune disparue. Et c’est pas simple, surtout qu’elle est reconnue par des malfrats survivants d’un gang avec qui elle a eu maille à partir. Car Lily est aussi une Ninja féroce, hantée par le souvenir de sa sœur assassinée. Elle se jure de retrouver la disparue mais doit en même temps faire face à l’arrivée de ses grands-parents de Hong-Kong et donc à des repas familiaux… Une famille à qui elle ne dit rien de ses activités et elle a raison : ils seraient horrifiés de savoir qu’elle se prépare à infiltrer un réseau de prostitution. Mais les plus à plaindre sont les souteneurs et les truands, Lily va leur faire passer un sale quart d’heure.

Girl power, un roman dans l’air du temps

L’infiltrée met en scène une justicière au grand cœur qui botte le cul à des mâles vraiment peu défendables tout en essayant (et ce n’est pas facile…) de sauver des jeunes femmes : c’est dans l’air du temps, ça plaira à beaucoup. Pour autant, le roman est bien construit, narré à la première personne, plein de péripéties et aussi de digressions sur la quête d’identité de Lily, à la fois américaine et chinoise. Et, soyons honnêtes, l’ensemble fonctionne bien, on passe un bon moment de lecture. Au fond, j’aime bien les Ninjas, ça me rappelle mon enfance. Et une femme Ninja, ça décoiffe sec.

Sylvain Bonnet

Tori Elridge, L’infiltrée, traduit de l’anglais par Antoine Chainas, Les Arènes « Equinox », juin 2023, 432 pages, 21,90 euros

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