Savonarole, faux prophète?

Déjà auteurs d’une biographie de Machiavel (Passés composés, 2020), Jean-Louis Fournel, professeur à l’université Paris-8, et Jean-Claude Zacharini, professeur émérite des universités, s’attaquent à une figure contemporaine du politiste : le moine Savonarole, frère dominicain nimbé d’une légende noire de père la morale et de fanatique religieux.

Un religieux en son temps

Or, l’histoire de Savonarole doit être replacé en son époque. Né à Ferrare, il choisit très tôt la vocation religieuse et suit une formation théologique où il développe très tôt un talent pour l’étude. Savonarole part ensuite pour Florence, république aristocratique dirigée par Laurent de Médicis dit « le magnifique ». Savonarole se fait remarquer par ses prêches enflammés en faveur d’une réforme des mœurs, visant spécifiquement les femmes (trop coquettes, trop légères…) et les enfants. Laurent lui-même vient sans doute l’écouter tandis que l’église cherche à canaliser le phénomène. Surtout que l’invasion française de l’Italie, vu par certains comme un signe de la fin des temps, amène un nouvel acteur, le roi de France Charles VIII, que Savonarole exhorte d’épargner Florence.

Un impact discuté

En 1497, Savonarole, considéré comme un prophète par ses partisans, est au maximum de leur influence à Florence, bien après la mort de Laurent le Magnifique. Il écrit et publie beaucoup, avec un certain succès auprès des élites. Mais l’église le regarde avec méfiance, à l’instar des élites municipales peu enclines à partager leur pouvoir. Il finit ainsi par être arrêté, interrogé puis condamné au bûcher, promesse d’un retour à la normale pour les possédants. Reste l’histoire particulier entre le moine et son public, fondé sur une parole moralisatrice enracinée dans les évangiles, et sur un charisme encore évident à quelques siècles de distance. Excellente biographie pour comprendre un des aspects de l’Italie de la fin du Quattrocento.

Sylvain Bonnet

Jean-Louis Fournel & Jean-Claude Zancarini, Savonarole, l’arme de la parole, Passés composés, septembre 2024, 400 pages, 26 euros

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