Imitacteur, balades au gré de la mémoire d’Antoine Duléry

Antoine Duléry compte parmi les (rares) acteurs sympathiques que j’ai rencontrés (et Dieu sait si j’en ai rencontrés !). Comme nous n’avons que quatre mois de différence, nous avons grandi sous la lumière des mêmes films, cela crée des liens ! Il y a quelques années, nous avons commis ensemble (pour le cherche-midi), un Flics et voyous, les répliques les plus drôles qui nous avait valu de nous retrouver dans un salon du livre saumurien. Impossible de vous narrer cette épique journée ! Je revois encore Antoine en train de courir après un autobus…

Il se montre toujours chaleureux de bonne humeur, l’œil rieur et le gag au bord des lèvres. Toujours prêt à basculer vers un bout d’imitation. C’est plus fort que lui. Je ne sais pas s’il s’en rend vraiment compte mais soudain sa voix change et un acteur célèbre surgit devant nous l’espace de quelques secondes !

© Pascal Ito

De l’imitateur à l’acteur

C’est par le biais de ses talents d’imitateur qu’il aborde Imitacteur. Je ne le classerai pas dans la rubrique biographie mais dans celle, plus aérée, des balades au gré de la mémoire. Il nous entraine de ci de là avec une décontraction réconfortante.

Il a bel et bien commencé comme imitateur. Amateur puisqu’il n’était qu’un enfant. Par la suite, il a suivi des cours d’art dramatique qui l’ont amené au théâtre et au cinéma et ce n’est que de manière relativement récente qu’il a franchi le cap du one man show (Antoine Duléry nous refait son cinéma) pour mettre en valeur son talent d’imitateur. 

Il raconte tout cela au fil de ces pages mais il dépeint aussi beaucoup d’autres choses. Dont ses rencontres. Là où la plupart des acteurs se gargarisent de leur suffisance, lui ne cesse de parler des autres. Et de l’admiration qu’il leur porte. Claude Lelouch, Jean-Paul Belmondo et Johnny Hallyday se taillent les parts des lions mais de nombreux collègues ne sont pas oubliés et non des moindres : Jean Dujardin, Fabrice Luchini, Claude Brasseur, Francis Huster etc.

Des portraits dressés par un ami et un connaisseur. Le livre fourmille d’anecdotes dont la plus drôle reste celle de Johnny et de son soi-disant kiné ! 

une élégante réserve

Antoine dévoile divers comportements mais se garde de franchir certaines limites. Ainsi, évoquant un diner en compagnie de Caroline de Monaco il précise qu’était présent à côté d’elle « l’acteur qui partageait sa vie ». Il ne faut pas être très féru de potins pour deviner de qui il s’agit. D’autant que l’acteur en question est présent ailleurs dans le livre… Néanmoins ce voile jeté prouve l’élégance de M. Duléry.

A ces portraits, il ajoute les grandes étapes de son propre parcours qui l’ont amené à jouer avec le sieur Belmondo mais aussi à enquêter du côté de petits meurtres concoctés par Agatha Christie et à manger des bulots dans un camping estival.

Sans se prendre au sérieux

En lisant Imitacteur, j’ai retrouvé l’Antoine Duléry que je connais (n’allez pas croire non plus qu’on déjeune ensemble toutes les semaines !) et que j’apprécie. On passe un agréable moment en sa compagnie et on retrouve chez lui cette fameuse décontraction belmondienne qui met en valeur ce vieil adage de « faisons notre métier sérieusement sans jamais nous prendre au sérieux ». Un adage que devrait apprendre à appliquer « l’acteur qui partageait la vie » de Caroline de Monaco !

Un jour, Albert Dupontel m’a dit qu’il aurait aimé être une petite souris pour assister aux frasques de la bande à Bébel au temps où elle sévissait au Conservatoire. J’avoue que j’aurais aimé être une petite souris pour assister à certains repas orchestrés par Duléry, en particulier un Belmondo-Aznavour dont le peu qu’il nous en livre me met en appétit !

Philippe Durant

Antoine Duléry, Imitacteur, préface de Claude Lelouch, Le Cherche-midi, novembre 2020, 176 pages, 16,80 eur

Photo d’Antoine Duléry © Pascal Ito-2

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