Injection : quand Warren Ellis contamine Internet
Maria Kilbride, Robin Morel, Simeon Winters, Brigid Roth et Vivek Headland ont constitué un groupe d’experts en paranormal. Il y a des années, ils ont introduit l’Injection, une entité surnaturelle, à travers le réseau internet. L’Injection peut maintenant altérer notre réalité à sa guise. Nos cinq agents surveillent notre monde à la recherche du moindre indice de changement.
Vivek Headland mène l’enquête sur une étrange affaire de fantôme. Ses investigations vont l’amener sur la piste d’une organisation criminelle et occulte, qui pourrait bien être liée à l’Injection.
Injection, un récit hermétique ?
Le premier tome d’Injection m’avait fait un drôle d’effet : l’impression de ne rien comprendre à ce qui se passe sous mes yeux, mais d’en tirer tout de même un certain plaisir de lecture. Un peu comme lorsqu’on regarde un film de David Lynch pour la première fois. C’est pas désagréable, mais on ne comprend pas forcément tout. Injection, tome 2, démarre par une double-page qui résume les personnages et groupes au centre de l’histoire. Le genre de double-page bien dense, bourrée de définitions compliquées. Dans un premier temps, ça m’a rappelé à quel point le tome 1 est complexe, mais finalement, ça m’a permis de me remettre en condition pour lire ce deuxième volet.
Un tome 2 plus accessible
Deuxième volet qui par ailleurs est globalement beaucoup plus accessible que ce fichu tome 1 ! Warren Ellis se concentre quasi-exclusivement sur le personnage de Vivek Headland, un émule moderne de Sherlock Holmes. Warren Ellis a bien fait : du coup, ses épisodes sont beaucoup plus fluides et surtout plus accessibles. On commence à mieux cerner les enjeux et à s’attacher aux personnages. En fait, je dirais même qu’il est bien dommage d’attendre le tome 2 pour commencer à mieux comprendre l’intrigue générale. Si le premier tome vous avait semblé comme moi hermétique, soyez rassurés, Warren Ellis fait ici un réel effort.
Vivek, émule de Sherlock Holmes
Je l’ai dit, le personnage principal de ce deuxième tome, c’est Vivek. Au point qu’il vole la vedette aux autres héros, relayés à l’arrière-plan. Difficile d’en vouloir à Ellis : son personnage est particulièrement intriguant, parce que très distant, cynique et pince-sans-rire. Pas le genre de type dont on se ferait un ami, mais voici un beau personnage de comics qu’on prendra plaisir à voir évoluer. Si Warren Ellis est capable de développer les autres personnages à ce niveau, Injection va devenir une série à surveiller de très très prêt.
Un style graphique au diapason
Declan Shalvey semble à l’aise aussi bien lorsqu’il faut dessiner des couloirs de dialogues que des scènes d’action lourdes. Même si j’aimais beaucoup les vues sur la campagne anglaise du tome 1, son travail, ici très urbain, est toujours pertinent, ses personnages toujours attirants. Son style nous permet sans problème de nous immerger dans l’univers étrange de Warren Ellis.
Stéphane Le Troëdec
Warren Ellis (scénario) et Declan Shalvey (dessin), Injection, tome 2, Urban Comics, septembre 2017, 14,00 euros