La France mutilée, 1871-1918 : la question de l’Alsace-Lorraine

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La France mutilée, 1871-1918 : la question de l’Alsace-Lorraine revient sur l’itinéraire des 107 députés qui votèrent contre l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871.

Un spécialiste d’Histoire politique et contemporaine

Professeur à l’université Clermont Auvergne, Fabien Conord s’est fait un nom en publiant un ouvrage de synthèse, Les Gauches européennes au XXe siècle (Armand Colin, 2012) et un autre plus précis : Les Elections sénatoriales en France 1875-2015 (Presses universitaires de Rennes, 2016). Fort aussi d’une expérience éditoriale acquise en dirigeant L’Europe de 1848 à 1945 (Ellipses, 2014), il publie pour cette rentrée La France mutilée aux éditions Vendémiaire dont le but est simple : revenir sur l’itinéraire des 107 députés qui votèrent contre l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871.

 

Un groupe hétérogène

La France mutilée, 1871-1918 : la question de l’Alsace-Lorraine prend d’abord l’aspect d’une enquête prosopographique : on découvre le profil des députés réfractaires à la ratification du traité de Francfort. Sans surprises, il s’agit de députés majoritairement républicains, plébiscités à Paris et dans les départements de l’Est (particulièrement ceux en passe d’être annexés). Parmi eux, on retrouve des anciens de la Révolution de 1848, comme Edgar Quinet, des poètes comme Victor Hugo, des avocats comme Gambetta bien sûr. Et des hommes jeunes comme Georges Clemenceau, sans compter le trublion Henri Rochefort. Ils sont issus majoritairement de la moyenne et haute bourgeoisie.

 

Dans la France mutilée, le nationalisme change de nature

Tous sont patriotes. Voire nationalistes. Mais là, il convient de s’entendre sur les mots. La majorité des 107 se réclame, comme le démontre Fabien Conord, du nationalisme universaliste de la Grande Nation de 1789, celle pour laquelle l’italien Garibaldi est venu combattre (qui s’en rappelle ?) durant l’hiver 1870-71. Cette génération sourcilleuse, qui défendra l’armée et son renforcement, voit cependant apparaître un nouveau nationalisme, fermé et classé à droite de la droite. Henri Rochefort passera ainsi de l’extrême-gauche républicaine et radicale à l’extrême-droite plébscitaire, le boulangisme ayant été pour lui un sas de décompression. Et c’est à un des 107, Clemenceau, que reviendra le privilège d’accueillir le retour des députés alsaciens en 1919. Voilà un très beau portrait de groupe.

 

Sylvain Bonnet

Fabien Conord, La France mutilée, 1871-1918 : la question de l’Alsace-Lorraine, Vendémiaire, octobre 2017, 298 pages, 22 euros

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