La Catabase, l’entrée des enfers par Jack Jakoli
Tout commence par une scène immonde qui fera fermer le livre aux âmes sensibles. Une scène de torture particulièrement obscène et écœurante. Une scène filmée en direct et qui permet à quelques « privilégiés » de jouir des souffrances d’une jolie jeune femme, attachée pour une longue agonie. Ainsi s’ouvre La Catabase, l’excellent thriller de Jack Jakoli, soutenu avec enthousiasme par Ghislain Gilberti, gage de qualité s’il en est.
Une plongée dans le monstrueux
La jeune femme qui a été torturée avait une famille, un mari, une fille. Sa disparition détruit tout. Et l’enquête promet d’être douloureuse, car elle va exposer des secrets intimes et insoupçonnés. Très rapidement, grâce à un voisin acrimonieux, les enquêteurs sont orientés sur ce postier douteux, violent et qui serait l’amant de la victime. C’est presque trop beau, et pourtant tout concorde. Tout concorde tellement bien !
Le monde du dessous
L’enquête proprement se prolonge en des ramifications de plus en plus inquiétantes. Et elle va servir de support à une plongée dans le monde souterrain des pervers le plus inhumains. Car ceux pour qui était jouée la scène inaugurale, qui sont-ils ? La victime était-elle vraiment innocente ? Quand tout est remis en place, il n’y a rien d’autre à faire qu’à déglutir, et admirer l’incroyable machination ourdie par Jack Jakoli.
La Catabase est un roman puissant, d’autant plus que l’auteur, enquêteur à la police fédérale de Belgique, signale qu’il s’est inspiré d’un fait réel. L’enquête est menée avec réalisme, aussi bien dans les petites rues pavillonnaires que dans l’univers carcérale ou le monde souterrain des monstres blasés. Le titre renvoie au terme grec katábasis de descente aux Enfers du héros épique. C’est exactement cela, sauf que l’enfer, c’est le lecteur qui va y être plongé !
Loïc Di Stefano
Jack Jakoli, La Catabase, Editions IFS, « Phénix noir », décembre 2019, 304 pages, 20 eur