L’enfant de février, carton blême

Le passé, camarade, voilà l’avenir du roman noir !

On a déjà repéré Alan Parks, auteur de Janvier noir, sorti chez Rivages en 2019, pour son style et son exploration de l’Ecosse des années 70, un monde sans iphones et sans GPS (de quoi rêver !). Il a de surcroit choisi de centrer ses intrigues autour d’un flic, McCoy. Hanté par son passé (et on va comprendre pourquoi avec L’enfant de février), enquêteur doué mais un peu foutraque, McCoy aussi deux amis, son supérieur Murray et le gangster Stevie Cooper, avec lesquels il doit jongler. Et nous voilà, ceintures attachées, partis pour Glasgow 1973…

Des meurtres en série

Presque tous ses vêtements avaient disparu, on ne lui avait laissé que son caleçon. La lumière vive des projecteurs bleuissait sa peau blême. Des lettres dégoulinantes de sang étaient gravés sur son torse. Elles formaient les mots BYE BYE.

Le jeune footballeur Charlie Jackson est retrouvé mort, le corps mutilé avec ce curieux message sur le torse. McCoy est mis sous pression par sa hiérarchie : le jeune Jackson devait épouser Elaine Scobie, fille de Jake Scobie, un trafiquant de drogue très connu à Glasgow. Plus McCoy avance, plus cela devient complexe. Le principal suspect, Connolly, n’est autre que l’ancien bras droit de Jake Scobie. Amoureux fou d’Elaine, McCoy et ses collègues pensent tout d’abord que Connolly a tué Jackson par jalousie… Mais voilà que Jake Scobie est lui-même assassiné : la guerre de succession va commencer. Pendant ce temps, McCoy va devoir affronter son passé du temps de l’orphelinat. Sale temps sur Glasgow !

Un roman âpre et dur

Deux histoires s’enchainent dans ce roman : celle de l’enquête autour des meurtres perpétrés par Connolly et de la succession de Scobie et celle du passé de McCoy. Car l’inspecteur cache de lourds secrets, vestiges d’une enfance martyre. Quand le lecteur le découvre, il n’en même pas large, fait une pause et va faire un tour. L’Enfant de février est brutal, poisseux, noir. C’est aussi une vraie réussite du genre et on devra désormais compter Alan Parks comme un des meilleurs romanciers de sa génération. Et puis le hardboiled millésimé 70’s, ça le fait ami lecteur.

Sylvain Bonnet

Alan Parks, L’Enfant de février, traduit de l’anglais (Ecosse) par Olivier Deparis, Rivages, février 2020, 410 pages, 23 eur

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