Le ciel du Reich 1944, la grande bataille des airs
Chargé de recherches et d’enseignement au service historique des armées, Jean-Charles Foucrier a publié La stratégie de la destruction (Vendémiaire, 2017) et La guerre des scientifiques (Perrin, 2019). Il a ici choisi avec Le ciel du Reich 1944 de se pencher sur la bataille aérienne qui a mené les alliés à la maîtrise du ciel durant les premiers mois de 1944, face à une Luftwaffe redoutée et encore puissante.
La stratégie de l’attrition

Si la Luftwaffe a commis certaines erreurs depuis ses victoires en France en 1940 où en URSS en 1941, si son chef Goering est un incompétent notoire, elle impressionne toujours les stratèges alliés. Surtout, Eisenhower, qui prépare l’opération Overlord, a besoin de la maîtrise du ciel le jour du débarquement. Les stratégies anglaises et américaines diffèrent cependant. La Royal Air Force mène des campagnes de bombardement souvent meurtrières (songeons à la destruction d’Hambourg en 1943) mais peu efficaces sur l’appareil industriel nazi. Les Américains, eux, apprennent peu à peu. Ces derniers vont cependant un appareil exceptionnel, le P-51 Mustang, qui va équiper leur chasse et surclasser les appareils allemands. Tout se joue quand commence l’opération Argument. 3000 bombardiers sont lancés sur l’Allemagne qui lance sa chasse pour les intercepter. La Luftwaffe va perdre de plus en plus de pilotes expérimentés, remplacés par des jeunes qui se font massacrer en vol. Et les bombardements vont affecter l’économie allemande et les voies de transport.
Un effort qui ne décide pas de tout
Pour autant, l’appareil industriel allemand est loin d’être détruit. Les usines de roulement à billes tournent et de plus de plus d’avions sortent des chaînes de production, en nombre insuffisant cependant pour faire face à la machine de guerre alliée. Hitler lancera ses V1 et V2 sur l’Angleterre, pour un résultat finalement limité. Reste que l’objectif est atteint, les alliés ont la maîtrise du ciel en juin 1944. La Luftwaffe, malgré les premiers chasseurs à réaction, n’est plus une menace.
Bonne synthèse sur un sujet méconnu.
Sylvain Bonnet
Jean-Charles Foucrier, Le ciel du Reich 1944, Perrin, septembre 2025, 328 pages, 25 euros