Histoire des guerres d’Israël, la naissance d’une puissance toujours menacée
Un spécialiste de l’État hébreu
Fonctionnaire au ministère des affaires étrangères et chargé de cours à Sciences po, David Elkaïm est déjà l’auteur d’un livre sur les services secrets israéliens aux éditions Tallandier en 2014 coécrit avec Eric Denécé. Il publie ici une Histoire des guerres d’Israël qui se veut une synthèse sur l’ensemble des conflits israélo-arabes, à un moment où l’inénarrable Donald Trump vient de reconnaître Israël comme capitale de l’État juif, menaçant la région d’un nouvel embrasement…
Israël et Tsahal, une réussite militaire
La lecture de cet ouvrage permet de se rendre à quel point, militairement, Israël a « réussi » : dès la première guerre israélo-arabe, les dirigeants sionistes amalgament Haganah et Irgoun, bénéficient de livraisons d’armes du bloc de l’est (Staline cherche à l’époque à gêner les anglais et se sert du futur état juif) et battent nettement les armées arabes. Dans les années 50 et 60, Israël bâtit un outil militaire remarquable, avec l’aide matérielle de la France, et devient une puissance régionale avec la guerre des six jours. Six ans plus tard, l’Égypte et ses alliés surprennent Tsahal et sèment la panique au sommet de l’État mais la situation militaire se rétablit vite. Aujourd’hui, l’État hébreu constitue un acteur militaire de premier plan, grâce à une technologie de pointe qui s’appuie sur un complexe militaro-industriel de qualité. Sans compter la possession de l’arme atomique.
« La guerre qu’Israël ne pourra pas gagner »
David Elkaïm analyse cependant que l’État hébreu, sur le long terme, est menacé par l’occupation de la Cisjordanie et l’occupation qui en découle. Certes, Israël a gagné ses guerres contre les pays arabes, qui doivent désormais compter avec lui. Mais reste la Palestine… Il s’agit d’une guerre asymétrique qui ne peut pas être gagnée militairement. De plus, la démographie palestinienne menace à terme le caractère « juif » de l’État. Reste qu’à ce jour, aucun acteur politique israélien n’est disposé à renouer le dialogue avec l’autorité palestinienne (le veut-elle ?) et se satisfait (à tort ?) des coups de menton de Donald Trump, allié pourtant bien encombrant…
Histoire des guerres d’Israël est une excellente synthèse sur un sujet brûlant.
Sylvain Bonnet
David Elkaïm, Histoire des guerres d’Israël, Tallandier, janvier 2018, 320 pages, 21,50 euros